"Je suis restée trente ans dans le silence": la fille de François Bayrou s'exprime sur l'affaire Bétharram

L'école Notre-Dame-de-Bétharram dans les Pyrénées-Atlantiques. - RMC
Hélène Perlant, la fille du Premier ministre François Bayrou, prend la parole ce mardi 22 avril dans un entretien accordé à Paris-Match. Elle témoigne de violences subies lors d’un camp d’été dans les Pyrénées. Un séjour organisé par la même congrégation à laquelle Bétharram appartient, alors que les témoignages de violences physiques et sexuelles se sont multipliés.
Alors que François Bayrou, ancien ministre de l'Éducation et maire de Pau, est accusé d'avoir couvert cette affaire, Hélène Perlant explique n'avoir jamais parlé des violences subies:
"Je suis restée trente ans dans le silence. En dehors de ça, pas une allusion, à personne. Mon père, j’ai peut-être voulu le protéger, inconsciemment, je pense, des coups politiques qu’il se prenait localement. Et il en prenait! La violence a toujours été là, même lors de ses premiers mandats".
Dans un livre témoignage, Le Silence de Bétharram, la victime dit avoir été "rouée de coups de poing, de coups de pied sur tout le corps" par le père Lartiguet, mort en 2000, alors qu'elle n'était âgée que de 14 ans. Mais, la faute à un système qui encourage le silence, personne n'a dénoncé cette scène, presque habituelle dans cet environnement.
"Tu me dénonces?"
Que sait ou savait à l'époque François Bayrou de ces violences au sein de l'établissement de sa propre fille? Rien, à en croire la version mise en avant par Hélène Perlant. Il aurait appris par voie de presse le témoignage de sa fille.
“Le Canard enchaîné l’a contacté il y a un mois pour réagir, j’imagine, à la sortie du Silence de Bétharram dans lequel ils lui ont appris que j’intervenais. Il m’a téléphoné: 'C’est vrai ?' me demande-t-il. On en rigole et il reprend : 'Tu dis quoi? Tu penses quoi? J’ai un peu la trouille! Tu me dénonces? – Je ne te réponds pas! Tu verras!' Il ne sait pas que je suis victime et il ne sait pas que je vais témoigner comme victime", raconte-t-elle à Paris Match.
"Évidemment, on peut penser qu’il a eu toutes les infos. Mais lui, comme les autres parents, était très, très intriqué politiquement, localement. Lui davantage. Mais je le mets au même niveau que tous les parents. Plus on est intriqué, moins on voit, moins on comprend", explique-t-elle aussi.
Le Premier ministre, visé par une plainte pour non-dénonciation de crime et délit, va devoir répondre sous serment face au député le 14 mai prochain. François Bayrou sera auditionné par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale dédiée aux violences à l'école, née dans le sillon de cette affaire.
De son côté, l'auteure explique avoir "besoin de participer à lever" le voile sur les agissements commis au sein de cet établissement durant des décennies entières.