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Police-Justice

Affaire Bétharram: 48 nouvelles plaintes pour des violences physiques et sexuelles, 200 au total

Une vue générale du collège et du lycée catholique « Le beau rameau » à Lestelle-Betharram, dans le sud-ouest de la France, le 28 février 2025.

Une vue générale du collège et du lycée catholique « Le beau rameau » à Lestelle-Betharram, dans le sud-ouest de la France, le 28 février 2025. - Gaizka IROZ / AFP

Le collectif des victimes de Bétharram dépose ce mercredi 2 avril 48 nouvelles plaintes auprès du parquet de Pau. Des viols d'enfants de 13 et 14 ans, des agressions sexuelles, des coups sur la tête, des gifles, des coups de pied et de bambous sont rapportés.

Le collectif des anciens élèves victimes de violences physiques et sexuelles à Bétharram (Pyrénées-Atlantiques) dépose 48 nouvelles plaintes ce mercredi 2 avril au parquet de Pau, ce qui porte le chiffre total à 200 plaintes depuis le 31 janvier 2024 dans ce dossier, a indiqué son porte-parole.

Elles sont a priori toutes prescrites, selon Alain Esquerre, qui précise à l'AFP que 90 des 200 plaintes déposées depuis février 2024 portent sur des faits à caractère sexuel.

L'une des 48 nouvelles plaintes porte sur des faits de viol en réunion, commis par deux prêtres, a ajouté le porte-parole, lui-même ancien élève de l'établissement catholique privé sous contrat, situé au sud de Pau.

Au total, 14 prêtres sont visés dans ces nouvelles plaintes, mais aussi quatre laïcs dont trois surveillants, selon une information de BFMTV.

Fellation forcée, gifles, coups de bambous...

Parmi les violences physiques et sexuelles dénoncées dans les plaintes, plusieurs victimes présumées évoquent des coups sur la tête, des gifles, des coups de pieds, des coups de bambous, mais aussi une fellation forcée, et des viols d'enfants de 13 ans et 14 ans, toujours selon nos informations.

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On retrouve notamment dans ces nouvelles plaintes, le père Carricart, le père Henri L, mais aussi les laïcs Damien S et Patrick M, déjà visés par d'autres accusations précédentes. Hormis le père Henri L, tous les autres prêtres visés sont morts.

Le nombre de plaintes collectées s'est nettement accéléré depuis la médiatisation accrue de l'affaire il y a deux mois. "Quarante-huit plaintes en un peu plus d'un mois, c'est énorme", relève Alain Esquerre.

Seules deux plaintes ne sont, à ce jour, pas prescrites et ont conduit à la mise en examen, le 21 février, d'un ancien surveillant de l'établissement pour "agression sexuelle sur mineur de quinze ans en 2004" et "viol sur mineur de quinze ans par personne ayant autorité commis entre 1991 et 1994".

Un autre surveillant et un prêtre placé en garde à vue avaient, en revanche, bénéficié de la prescription, dans ce dossier où les sévices dénoncés s'étalent de 1957 à 2004, avait alors indiqué le parquet.

"La justice ne doit pas abandonner les victimes"

Depuis plusieurs semaines, l'avocat Jean-François Blanco dénonce la prescription des plaintes. "La justice ne doit pas abandonner les victimes, elle doit prendre en compte toutes les plaintes", plaide cet avocat palois, qui défendait déjà en 1996 un garçon violemment giflé par un surveillant de Bétharram, condamné à l'époque.

Début mars, il a adressé au juge d'instruction chargé du dossier des constitutions de parties civiles pour trois victimes, dans le cadre de l'information judiciaire ouverte le 21 février. Elles ont été déclarées irrecevables le 24 mars, au motif que le réquisitoire introductif du procureur se concentre sur la période et aux faits visés par les deux plaintes non prescrites.

Jean-François Blanco a fait appel de ces décisions et demande aussi "un réquisitoire supplétif" au procureur de Pau, "afin que le juge d'instruction puisse instruire de façon plus large".

Matthias Tesson avec Ilyana Hamiti