Bétharram: le collectif de victimes dit son "immense soulagement" après que la congrégation a reconnu sa "responsabilité"

Une vue du collège et du lycée catholique français Le beau rameau, anciennement Notre-Dame-de-Bétharram à Lestelle-Betharram, dans le sud-ouest de la France, le 12 février 2025. - Philippe LOPEZ / AFP
Le collectif des victimes de violences au sein de l'établissement Notre-Dame-de-Bétharram a fait part ce mardi 4 mars de son "immense soulagement" après que la congrégation qui a longtemps dirigé l'établissement catholique, au cœur d'une affaire de violences physiques et sexuelles, a reconnu sa "responsabilité".
"C'est déjà un immense soulagement parce que depuis 15 mois, on se bat contre cette congrégation pour lui expliquer que ce qui s'est passé est inqualifiable, intolérable et inacceptable", a réagi son porte-parole Alain Esquerre auprès de journalistes.
"Aujourd'hui, on franchit un pas de plus dans le processus de reconnaissance des victimes de violences sexuelles parce que jusqu'à présent, la congrégation refusait de prendre en charge leurs responsabilités concernant les laïcs", a-t-il estimé.
Des mesures "insuffisantes"
Les mesures annoncées mardi par la congrégation des pères de Bétharram en faveur des victimes de violences sexuelles au sein de l'établissement catholique du Béarn restent toutefois "insuffisantes" aux yeux de celles-ci, selon leur porte-parole.
"Être considéré comme victime et être reconnu (...) c'est une bonne chose évidemment, on ne va pas dire le contraire, mais ce n'est pas suffisant", a déclaré Alain Esquerre, en réclamant notamment que les victimes de violences physiques, et pas seulement sexuelles, soient prises en compte dans les mesures de réparation envisagées.
Plus de 150 plaintes
Depuis un an, d'anciens religieux et personnels laïcs de Notre-Dame-de-Bétharram sont visés par plus de 150 plaintes déposées pour violences physiques, agressions sexuelles et viols.
Le prêtre Laurent Bacho, 75 ans et ancien vicaire régional des bétharramites, a pris la parole mardi "au nom de la congrégation" pour "dire que nous sommes toujours très affectés par ce qui s'est passé (...) par les souffrances de ces enfants qui étaient venus ici pour être protégés, éduqués" mais auxquels "le contraire" est arrivé: "ils ont été anéantis".
Laurent Bacho, responsable de la cellule d'écoute au sein de la congrégation, a déjà rencontré huit victimes. "Ce n'est pas moi en tant que tel mais je fais partie de ce corps. Sans être coupable, je suis responsable", a-t-il déclaré à l'AFP.
De premières mesures ont été décidées. Jusqu'à présent, la congrégation avait indemnisé à hauteur de "700.000 euros", soit 60% de ses finances, les 19 victimes de violences sexuelles prescrites perpétrées par des religieux, reconnues par la Commission de reconnaissance et réparation (CRR) mise en place par l'Église depuis 2021. Mais elle ne prenait pas en compte les victimes de laïcs. Les pères de Bétharram veulent indemniser désormais ces dernières, grâce à "la vente des quelques biens immobiliers" qu'ils possèdent à Lestelle-Bétharram, à l'exception du sanctuaire emblématique, selon Laurent Bacho.