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Bétharram: la congrégation religieuse reconnaît sa "responsabilité" et va indemniser de nouvelles victimes

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Dans une prise de parole très attendue, la congrégation religieuse des pères de Bétharram indique vouloir permettre la mise en place d'outils pour éviter un nouvel "aveuglement."

Des avancées importantes. Dans une interview accordée à l'AFP ce mardi 4 mars, la congrégation religieuse des pères de Bétharram, qui a longtemps dirigé l'établissement catholique au coeur d'une vaste affaire de violences physiques et viols, reconnaît sa "responsabilité"

"Je prends la parole au nom de la congrégation pour dire que nous sommes toujours très affectés par ce qui s'est passé (...) par les souffrances de ces enfants qui étaient venus ici pour être protégés, éduqués" mais auxquels "le contraire" est arrivé: "ils ont été anéantis", a déclaré le prêtre Laurent Bacho, 75 ans et ancien vicaire régional des bétharramites, qui a accordé une interview à l'AFP.

"Pour aboutir à une position commune irrévocable, il nous a fallu du temps", admet le religieux, dont le large sourire semble vouloir compenser une appréhension palpable pour cette prise de parole officielle.

Éviter un nouvel "aveuglement"

Parallèlement, la congrégation annonce la création d'un nouveau fonds d'indemnisation pour les victimes de violences sexuelles prescrites commises par des laïcs, alors que le champ d'action de la Commission Reconnaissance et Réparation (CRR) mise en place par l'Église depuis 2021 se limite à celles commises par des religieux.

Autre mesure, le lancement d'une commission d'enquête indépendante pour identifier "les causes" des "abus massifs" commis durant des décennies dans ce collège-lycée des Pyrénées-Atlantiques sous contrat avec l'Éducation nationale.

La future commission d'enquête, dont les membres doivent encore être définis, recueillera la parole des victimes "dans différents pays" où la congrégation a des établissements et "pourra étudier les archives", a détaillé Laurent Bacho. Elle devra mettre en place des outils pour éviter un nouvel "aveuglement", a-t-il ajouté.

"Réparation financière"

La création du nouveau fonds d'indemnisation sera financée par "la vente des quelques biens immobiliers" appartenant à la congrégation sur la commune de Lestelle-Bétharram, a-t-il précisé. Pour l'heure, l'indemnisation de 19 victimes via la CRR, à hauteur de 700.000 euros, a absorbé 60% de ses finances.

"La réparation financière est importante parce qu'elle donne du poids à nos mots", souligne Laurent Bacho. La congrégation veut aussi agir sur le plan "mémoriel", avec l'idée d'édifier un monument ou d'installer une plaque.

Elle participera à un forum sur les violences sexuelles organisé le 15 mars à Bayonne par l'Institut francophone pour la Justice et la Démocratie (IFJD), une ONG qui l'accompagne depuis mai dans sa démarche auprès des victimes.

D'anciens religieux et personnels laïcs de Notre-Dame-de-Bétharram sont visés par plus de 150 plaintes déposées par des anciens élèves pour violences physiques, agressions sexuelles et viols. Après un an d'enquête, le parquet de Pau a ouvert une information judiciaire il y a dix jours et un ancien surveillant né en 1965 a été mis en examen et placé en détention provisoire.

La très grande majorité des faits dénoncés, qui remontent jusqu'aux années 1950 et s'étalent sur un demi-siècle, sont prescrites.

Lundi, deux signalements adressés à la Cour de justice de la République (CJR) dénonçant l'inaction du Premier ministre François Bayroyu lorsqu'il était ministre de l'Education ont été classés par la justice.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier avec AFP Journaliste BFMTV