"On était le défouloir des pions": après Bétharram, la parole se libère au sein d'autres institutions privées

D'autres voix s'élèvent après l'ouverture d'une information judiciaire dans l'affaire Notre-Dame de Bétharram. D'anciens élèves se regroupent en collectifs pour dénoncer les violences qu'ils disent avoir subies pendant leur scolarité dans d'autres établissements.
Christophe était un élève au collège-lycée privé catholique Notre-Dame de Garaison à Monléon-Magnoac dans les années 1980. Au micro de BFMTV, il raconte le climat de terreur au sein de cet établissement.
"On était le défouloir des pions (...) Ils pinçaient la joue, ils nous soulevaient avec pour poser des gifles", raconte Christophe.
Pendant trois ans, l'homme aurait été victime et témoin de ces maltraitances. Il raconte notamment les violences physiques du personnel, qui le tapait avec leurs santiags, "dans l'anus", détaille-t-il. "C'était insoutenable, c'était vraiment pour nous faire mal", raconte l'ancien élève.
"Certains ont tenté de se rebeller. Ils ont regardé les surveillants dans les yeux, mais c'était un déchaînement de violences", relève Christophe. Coups de poing et de pied, gifles... Dans l'institution, plusieurs formes de maltraitances étaient exercées sur les élèves. "Il y en a qui ont été blessés sur les tympans, les arcades", précise Christophe.
"J'ai vu des élèves s'uriner dessus"
En 2010, un surveillant avait déjà été condamné pour de multiples viols et agressions sexuelles au sein de l'établissement. Une plainte va également être déposée cette semaine pour viol dans les années 1990 par un surveillant.
Suite à la recrudescence de témoignages au sein de cette nouvelle affaire, le directeur actuel, Joseph Corteggiani, s'est exprimé dans les colonnes de La Dépêche du Midi: "Nous n'avions pas connaissance de ces faits. Tous ces dysfonctionnements sont d’un autre temps", affirme-t-il.
Si le directeur évoque des violences "d'un autre temps", un ancien professeur, encore présent dans l'établissement, il y a peu de temps, affirme que les humiliations et les violences physiques persistent dans l'établissement.
"J'ai vu des élèves s'uriner dessus, j'ai vu le chef de l'établissement attraper des élèves, les soulever par les oreilles, les gifler", confie l'ex-enseignant, assurant que l'établissement "fait régner la terreur par la violence". Contacté par BFMTV, l'établissement n'a pas souhaité répondre à nos questions.
"C'est sûr qu'il y aura d'autres Bétharram en France", assurait dès le 21 février Alain Esquerre, le porte-parole du collectif de victimes de ce collège-lycée catholique situé à Lestelle-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques).
Notre-Dame de Garaison à Monléon-Magnoac (Hautes-Pyrénées) n'est pas le seul concerné par la libération de la parole: d'anciens élèves ont déjà dénoncé des violences qu'ils auraient subies entre la fin des années 1960 et le début des années 1990 au collège Notre-Dame du Sacré Cœur, dit "Cendrillon" à Dax (Landes), devenu en 2003 Saint-Jacques-de-Compostelle, au collège Saint-François-Xavier d'Ustaritz (Pyrénées-Atlantiques) ou encore dans l'ancien collège catholique pour garçons de Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon (Finistère).