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En obtenant la suspension de la réforme des retraites, Marine Tondelier juge que le PS a "empêché" la nomination de la gauche à Matignon

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La patronne des Écologistes assure qu'Olivier Faure était "tellement prêt" à discuter avec le gouvernement que la possibilité de nommer un Premier ministre issu du NFP n'a jamais été envisagée par Emmanuel Macron.

La suspension de la réforme des retraites annoncée ce mardi par Sébastien Lecornu et réclamée depuis des mois par les socialistes a-t-elle permis au Premier ministre d'être renommé par Emmanuel Macron, certain que cela suffirait à convaincre le parti d'Olivier Faure de ne pas censurer le gouvernement? C'est en tout cas la thèse de la patronne des Écologistes Marine Tondelier.

"Ils étaient tellement prêts" à discuter avec l'exécutif "et tout le monde le savait tellement que ça a empêché notre nomination" à Matignon, regrette la secrétaire nationale du mouvement ce jeudi sur Public Sénat.

"On pourra s'arranger" avec le PS

Sortie en tête des urnes lors des dernières législatives à l'été 2024, le chef de l'État n'a jamais voulu nommer un représentant du Nouveau front populaire au poste de Premier ministre. Après avoir essayé quasiment tous les partis membres du socle commun avec Michel Barnier (LR), puis François Bayrou (Modem) et enfin Sébastien Lecornu (Renaissance), le président a décidé de maintenir ce dernier à Matignon.

Depuis des semaines et même avant sa vraie-fausse démission, le Premier ministre s'est efforcé de trouver un accord de non-censure ou au moins une relative bienveillance des socialistes. Et pour cause: si les députés socialistes rentrent dans la danse des motions de censure, il est assuré de tomber. Pour l'instant, ils s'y refusent et ne joindront pas ce jeudi matin leurs voix à la motion de censure déposée par les insoumis et soutenue par les écologistes et les communistes.

"Les macronistes se disaient: 'je pense qu’avec les socialistes on pourra s’arranger'", observe encore Marine Tondelier. "Dans le rapport de force pour exiger d'être nommé à Matignon, ça a pesé."

"Les gens qui sont en face de nous ne veulent pas nous nommer"

Dans le camp des socialistes, on assume la stratégie d'échange avec Sébastien Lecornu. Il faut que "le débat" sur le budget "ait lieu", s'est défendu Olivier Faure, le premier secrétaire du PS ce mercredi sur BFMTV. "Quand on fait de la politique, on le fait pour changer la vie des gens" et "provoquer une dissolution, ça ne change pas la vie des gens", a encore insisté le dirigeant du parti à la rose, assurant "ne pas avoir été acheté".

Promis, il n'y a jamais eu aucun accord formalisé entre le PS et le gouvernement. "Il n'y a aucun deal entre les socialistes et cette espèce d'ombre qui essaie de survivre de la macronie", a insisté sur notre antenne en début de semaine Lamia El Aaraje, première secrétaire fédérale du PS.

"Les gens qui sont en face de nous ne veulent pas nous nommer, ne veulent pas rendre le pouvoir, ne veulent pas que les caps des politiques publics changent", tance pourtant Marine Tondelier, appelant à "un rapport de force" entre la gauche et la macronie.

La suspension de la réforme des retraites, "un piège" pour voter le budget de la sécu

De quoi pousser le PS à vouloir éviter à tout prix d'accréditer l'idée qu'il ait servi d'assurance-vie à Sébastien Lecornu. Avant son discours de politique générale mardi, Olivier Faure n'a eu de cesse de rappeler qu'il était prêt avec ses 68 députés à censurer le nouveau gouvernement.

Mais manifestement, la suspension de la réforme des retraites annoncée par Sébastien Lecornu dans les termes exacts réclamés par le PS à la fois sur l'âge et le nombre de trimestes est suffisant pour renoncer.

Si les socialistes veulent éviter d'apparaître responsables de la renomination de Sébastien Lecornu, c'est que plusieurs points du budget de la sécurité sociale qui doit servir de véhicule législatif à la suspension de la réforme vont durement impacter les Français. Gel des pensions de retraites, gel du montant des prestations sociales, nette baisse du budget des hôpitaux...

Bref, les socialistes qui espèrent modifier ces points peuvent se retrouver à la fin à devoir voter un budget avec lequel ils sont en profond désaccord.

Cette suspension de la réforme des retraites "est aussi un piège pour obliger la gauche à voter" le projet de loi de finances de la Sécurité sociale, avance ainsi Marine Tondelier.

Les premiers débats en commission la semaine prochaine à l'Assemblée donneront le ton des arbitrages que les socialistes parviendront ou non à obtenir.

Marie-Pierre Bourgeois