Gel des prestations sociales et des retraites, taxe sur les holdings, contribution sur les hauts revenus... Ce que contient le budget Lecornu qui prévoit 30 milliards d'économies

On en sait plus sur les premières mesures contenues dans le Budget 2026, qui sera présenté par le Premier ministre ce mardi 14 octobre. D'après un document consulté par l'AFP, le projet proposé par Sébastien Lecornu contient notamment la reconduction partielle des contributions exeptionnelles sur les entreprises et les hauts revenus. Il instaure aussi une taxe sur les holdings familiales et reprend à son compte l'idée de l'année blanche, défendue par François Bayrou, ainsi que la suppression de 3.000 postes de fonctionnaires.
Selon un avis rendu par le Haut conseil des finances publiques, ce Budget ambitionne d'économiser 30 milliards d'euros (contre 44 milliards pour le plan d'économies présenté par François Bayrou en juillet). Mais Sébastien Lecornu a déjà prévenu: le gouvernement est ouvert aux négociations et le texte sera soumis aux modifications décidées par le Parlement.
Voici les principales mesures contenues dans le projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
• La contribution "exceptionnelle" sur les grandes entreprises
Le projet de budget présenté par Sébastien Lecornu prévoit de prolonger d'un an, mais en la réduisant de moitié, la surtaxe sur le bénéfice des grandes entreprises instaurée en 2025.
Cette contribution était censée être exceptionnelle et n'être appliquée que pendant un an. La surtaxe, qui concerne les 400 plus grandes entreprises qui réalisent un chiffre d'affaires d'au moins 1 milliard d'euros en France, devrait générer 4 milliards d'euros, soit moitié moins qu'en 2025.
• La contribution "exceptionnelle" sur les hauts revenus
De même, la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR), elle aussi imaginée comme temporaire, sera également prolongée d'un an. Cette surtaxe, appliquée aux ménages dont les revenus dépassent 250.000 euros pour un célibataire et 500.000 euros pour un couple, fixe un taux minimal d'imposition de 20%. Concrètement elle s'ajoute à la contribution exceptionnelle des hauts revenus (CEHR) qui cible ces mêmes foyers fiscaux et à l'impôt sur le revenu afin que ces derniers soient bien imposés d'au moins 20%.
• Une taxe sur les holdings patrimoniales
La texte prévoit aussi l'instauration d'une taxe sur les holdings patrimoniales, parfois utilisées pour contourner l'impôt. "Inspirée de taxes voisines en place dans plusieurs autres pays, comme les États-Unis et l'Irlande, cette taxe vise à faire échec aux stratégies de contournement de l'impôt par la thésaurisation de revenus non distribués dans des sociétés, ces revenus échappant ainsi à l'impôt", précise le document.
• Une baisse d'un impôt de production
Pour compenser, le gouvernement prévoit aussi des baisses d'impôts pour les entreprises. Il propose de réduire la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt de production, et de la supprimer définitivement en 2028, deux ans avant l'échéance prédédemment prévue.
"Afin de soutenir la dynamique de réindustrialisation française et d'accompagner nos petites et moyennes entreprises et nos entreprises de taille intermédiaire, il est proposé de reprendre, dès 2026, la suppression progressive de la CVAE", indique le document.
• Une année blanche
Le nouveau Premier ministre a également repris à son compte l'idée d'une année blanche lancée par son prédécesseur François Bayrou. Le projet de budget de la Sécu pour 2026 prévoit donc un "gel de l'ensemble des retraites de base" en 2026 ainsi qu'un gel des prestations sociales comme des allocations familiales, selon le texte consulté mardi par l'AFP.
Le projet de budget prévoit également de sous-indexer les pensions de 0,4 point pour les années suivantes, à partir de 2027. Il prévoit également le remplacement de l'abattement de 10% sur les retraites par un abattement forfaitaire de 2.000 euros. Ce nouveau mécanisme aura pour effet "d'améliorer la situation des couples de retraités les plus modestes" mais mettra plus à contribution les autres retraités.
• Plus de 3.000 suppressions de postes de fonctionnaires
Le projet de budget prévoit également 3.119 postes de fonctionnaires en moins en 2026, avec un effort de "rationalisation" principalement porté par les opérateurs de l'Etat.
Avec "les réductions de postes prévues au sein des caisses de sécurité sociale, c'est au total 3.000 emplois qui ne seront pas remplacés et participeront à la maîtrise de l'emploi public", peut-on notamment lire. L'effort devrait se traduire par la suppression de 1.735 emplois publics parmi les 434 opérateurs et agences de l'Etat.