Entre promesses tenues et couacs, les 100 jours du Président Macron

Emmanuel Macron - STEPHANE MAHE / POOL / AFP
Des promesses tenues, mais un capital politique entamé avant d'aborder plusieurs dossiers majeurs: à l'issue de ses 100 jours en tant que nouveau président de la République -période qui, à en croire le patron des Républicains Bernard Accoyer "appartient à l'exécutif"- Emmanuel Macron se trouve dans une posture délicate. Certes, deux textes majeurs, mis en avant pendant la campagne présidentielle, ont été votés au Parlement: la loi de moralisation de la vie publique d'une part, l'habilitation donné au gouvernement de réformer le code du Travail par ordonnances d'autre part.
Pouvoir solitaire
Mais à quel prix? Si Emmanuel Macron est parvenu à éviter l'écueil du manque d'incarnation de la fonction présidentielle, dont avait tant souffert François Hollande, le décalage grandissant entre l'image de majesté du chef de l'Etat et les difficultés politiques de ses soutiens écaille le vernis du "renouvellement".
"Le risque qui guette aujourd'hui le président, c'est que les Français passent progressivement du 'il est brillant et réussit tout ce qu'il entreprend' à 'en fait, tout ça, c'est de la com'", analyse le politologue Jérôme Fourquet.
Le contraste entre la posture présidentielle autoritaire, illustrée par la démission du chef d'état-major des armées Pierre de Villiers, et la multiplication de "couacs" au sein de la majorité et du gouvernement est d'autant plus violent que le président de la République a adopté une diplomatie du "coup d'éclat", gonflant les muscles face à Donald Trump et Vladimir Poutine. Après les démissions de ministres en cascade, la valse-hésitation sur la taxe d'habitation, le coup de rabot sur les APL ou le chaos à l'Assemblée nationale, les macronistes sont apparus "décrochés" par leur propre chef, qui paie le prix de cet isolement au sommet de l'Etat.
Sanction sondagière
De fait, le président connaît une dégringolade sans précédent dans les sondages. Selon un sondage Ifop diffusé vendredi, seulement 36% des Français se disent satisfaits de l'action du chef de l'Etat, bien loin des 62% au tout début de son mandat. Difficile à tenir seul à l'ère de l'information en continu, la stratégie de la "parole rare" a été mise à mal par le manque d'encadrement politique dont souffrent les députés novices et les ministres technocratiques.
Une "évolution" de la communication présidentielle interviendra donc à la rentrée, a annoncé le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, bien souvent seul au front pour faire la "pédagogie" de l'action gouvernementale.
Serrer les rangs pour la rentrée
"Pédagogie" d'autant plus nécessaire qu'une période chargée s'annonce pour le locataire de l'Élysée sitôt ses vacances terminées. Ratification des ordonnances de réforme du code du Travail, budget 2018, réforme des retraites et de l'assurance chômage, loi antiterroriste... autant de projets qui n'iront pas sans opposants, et sans répercutions sur la popularité présidentielle. Sur le front social, la rentrée s'annonce déjà mouvementée, avec des manifestations prévues les 12 et 23 septembre.
"Emmanuel Macron sort de l'état de grâce pour rentrer dans l'atmosphère et assumer le coût politique de ses arbitrages", commente ainsi Jérôme Fourquet.
Avant ces batailles, Emmanuel Macron aura l'occasion de redorer son blason sur la scène européenne fin août, d'abord avec une mini-tournée dans plusieurs capitales de l'Union, puis lors d'un sommet à l'Elysée le 28 avec Angela Merkel et les chefs de gouvernement italien et espagnol, Paolo Gentiloni et Antonio Rajoy.