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Emmanuel Macron adresse un appel du pied à Xavier Bertrand

Xavier Bertrand.

Xavier Bertrand. - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Dans un entretien avec la presse régionale, Emmanuel Macron ouvre la porte à Xavier Bertrand pour entrer dans sa majorité. Plusieurs personnalités de droite sont ainsi pressenties dans son gouvernement éventuel.

"La clef, ce sera le gouvernement du 15 mai: si Xavier Bertrand est à Matignon et Édouard Philippe au gouvernement, j'aurai du mal à être candidat [aux législatives] contre un candidat d'En Marche!", confie un juppéiste à RTL. "Si Macron est malin, il peut ruiner la droite."

Cette occasion n'a pas échappé à l'ancien protégé de François Hollande. Dans un entretien accordé à la presse régionale, Emmanuel Macron lance ce vendredi un appel du pied au président de la région Hauts-de-France:

"J'aurai un gouvernement et une majorité parlementaire élargis. Être élu face au Front national, ce n'est pas comme être élu face à un autre candidat. Je me fiche des clans. Les chapelles ne m'intéressent pas. (...) De Jean-Yves Le Drian à Xavier Bertrand, il y a une vraie cohérence." 

L'embarras du choix

Si Emmanuel Macron assure ne pas prendre les appels au vote en sa faveur pour des "chèques en blanc" - "Je ne reproduirai pas l’erreur commise après l’élection de 2002", promet-il - l'idée d'un rassemblement républicain contre le Front national épouse opportunément son projet de dépassement du clivage partisan traditionnel. Autrement dit: ce second tour est le "prétexte" parfait pour des personnalités politiques idéologiquement proches de convoler en justes noces malgré leurs différences d'étiquettes.

Emmanuel Macron, qui rencontre ce vendredi l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, a l'embarras du choix parmi Les Républicains modérés pour son éventuel gouvernement: le juppéiste Édouard Philippe, prêt à faire campagne pour lui dans sa ville du Havre, le président de la région Paca Christian Estrosi, sifflé par son propre camp pour l'avoir rencontré, Bruno Le Maire, ou encore la députée Nathalie Kosciusko-Morizet, plus proche des idées du leader d'En Marche! que de la ligne dure de Laurent Wauquiez.

Bras de fer

Le ralliement des Républicains ne sera pas gratuit: "On ne voudra pas être des cautions de droite. Ça ne marchera que si c'est dans une majorité de coalition autour d'un projet où l'on se reconnaît", explique ainsi un député Les Républicains à RTL.

Invité de France 2 mercredi soir, Xavier Bertrand indiquait déjà ses divergences, soulignant que son éventuelle participation au gouvernement d'Emmanuel Macron n'irait pas sans concessions politiques:

"Il ne s'agit de se jeter dans les bras de monsieur Macron", expliquait l'ancien ministre. "J'ai des oppositions avec son projet. Je ne soutiens pas son projet. Mais parce que je ne veux pas du Front National à la tête de l’Etat, il faut voter pour Emmanuel Macron. Je resterai un homme de droite, je sais où j’habite, je sais qui je suis."

En position de force, le prétendant à l'Élysée ne se laisse pas intimider pour autant: "Ni lui, ni Christian Estrosi, ne peuvent dire autre chose aujourd'hui", note Emmanuel Macron dans son entretien avec la presse régionale. "Ils savent que s'ils échouent dans leur région, la prochaine fois celle-ci sera gérée par le Front national. Ils savent aussi qu'ils doivent leur élection à un Front républicain." Le silence d'Emmanuel Macron sur le choix de son possible Premier ministre adresse le même message: il décidera seul.

Louis Nadau