"Pour être franc, nous avons payé": quand Macron reprend publiquement Trump sur l'aide ukrainienne

La camaraderie était de mise entre Donald Trump et Emmanuel Macron ce lundi 24 février lors de la visite du président français à Washington pour essayer d'aplanir les divergences avec son homologue américain sur l'Ukraine et la relation transatlantique.
Mais entre deux gestes d'affection et d'intenses poignées de main, le locataire de l'Élysée a toutefois contrecarré le milliardaire républicain, hostile depuis quelques semaines envers Volodymyr Zelensky et sympathique envers Vladimir Poutine.
Bien installé dans un fauteuil du Bureau ovale, Donald Trump répétait aux journalistes son envie d'obtenir un accord avec l'Ukraine sur les minerais stratégiques pour compenser l'aide militaire et financière déjà livrée et son administration. Un accord qu'il a justifié en relativisant l'aide européenne.
"Non, en fait, pour être franc, nous avons payé"
"Juste pour que vous compreniez, l'Europe prête de l'argent à l'Ukraine. Elle récupère son argent", a déclaré le 47e président des États-Unis, aussitôt interrompu par le président français.
"Non, en fait, pour être franc, nous avons payé, nous avons payé 60% de l'effort total", est intervenu Emmanuel Macron, en posant à son tour la main sur l'avant-bras de Donald Trump. "Comme les États-Unis, pour des prêts, des garanties, des subventions. Nous avons fourni de l'argent réel, pour être clair", a-t-il continué face à un président américain à la moue dubitative.
"Nous avons deux cent trente milliards d'actifs gelés en Europe, des actifs russes mais ce n'est pas une garantie de prêt car ce ne sont pas nos biens", a expliqué Emmanuel Macron.
Donald Trump, toujours pas convaincu, a répété auprès des journalistes: "Si vous croyez cela, je suis d'accord. Mais ils récupèrent leur argent, et nous, non...".
"Les États-Unis et la France sont toujours du bon côté, voilà ce qui est en jeu aujourd'hui", a par la suite contesté, plus sérieusement le locataire de l'Élysée alors que le conflit est entré dans sa troisième année.
"C'est (la Russie) qui a agressé"
Emmanuel Macron en a d'ailleurs profité pour contredire son homologue américain qui avait les jours précédents pointé du doigt la responsabilité de l'Ukraine dans l'invasion russe.
Interrogé sur le soutien de la France à une compensation des États-Unis telle qu'expliqué précédemment, il a répondu: "Je soutiens l'idée d'avoir l'Ukraine premièrement qui est dédommagée parce qu'ils sont ceux qui ont perdu beaucoup de leurs concitoyens et qui sont en train d'être détruits par les attaques".
Avant d'abonder: "Deuxièmement, tous ceux qui ont payé pourraient être indemnisés, mais pas par l'Ukraine, par la Russie, car c'est elle qui a agressé".
Concernant l'accord sur les minerais ukrainiens, le président Volodymyr Zelensky a exclu à nouveau dimanche de signer un texte que "dix générations d'Ukrainiens" devront payer. Une deuxième mouture est toutefois actuellement en discussion, selon Kiev et Washington.
Depuis la mi-février, Donald Trump a convenu avec Vladimir Poutine dans un rapprochement spectaculaire de lancer des discussions pour établir un cessez-le-feu avec l'Ukraine. Jusqu'ici Kiev et les Européens étaient exclus de la table des négociations et le ton est monté avec les États-Unis qui entreprend une bascule diplomatique.