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Pénurie de carburants: comment Macron veut reprendre la main sur le dossier

Le président Emmanuel Macron à l'Elysée, le 12 septembre 2022 à Paris

Le président Emmanuel Macron à l'Elysée, le 12 septembre 2022 à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Vingt jours après le début des grèves dans les raffineries, la direction d'Esso-ExxonMobil va réunir les syndicats ce lundi. Alors que la pénurie est là et compliquent le quotidien de nombreux Français, Emmanuel Macron a décidé de monter au créneau.

Le gouvernement a-t-il sous-estimé la force de la CGT et des travailleurs? Après trois semaines de grève dans les raffineries, près de 30% des stations-service connaissent désormais des difficultés d'approvisionnement en essence. Dans les Hauts-de-France, plus de la moitié des stations connaissent des difficultés sur au moins un carburant.

Une situation qui pourrait durer, et qui force le président de la République à reprendre la main sur ce dossier.

"Il s’en est occupé de très près ce week-end", indique l'entourage d'Emmanuel Macron à BFMTV, précisant que le chef de l'État a échangé sur le sujet avec la Première ministre.

Macron "essaye de calmer les choses"

"Il a eu des échanges avec des grands acteurs de cette crise (...) Il a eu une tentative d’essayer de calmer les choses et de résoudre la situation. Depuis samedi matin, il essaye de calmer les choses et trouver une issue", poursuit-on dans l'entourage du Président.

Vendredi, en déplacement à Prague, en République Tchèque, où se tenait un sommet européen, Emmanuel Macron avait déjà appelé au "calme" et "à la responsabilité" face à la ruée sur l'essence.

Un appel répété par plusieurs de ses ministres, qui n'a pas forcément été entendu. L'entourage du chef de l'Etat se montre ainsi assez sévère sur la gestion de crise de ces derniers jours et reconnaît des erreurs de communication, soulignant le décalage entre le discours politique du gouvernement et la réalité de ce que vivent les Français.

Il cite pour exemple Olivier Véran, qui refusait de parler explicitement de pénurie il y a quelques jours, ou encore Agnès Pannier Runacher, qui laissait entendre que la crise allait se résoudre d'ici ce week-end.

"Il y a un débat à avoir sur le niveau de redistribution des richesses"

Or, la crise n'a fait que s'amplifier tout au long de la semaine et du week-end. Alors que des milliers de Français ont eu beaucoup de mal à s'approvisionner ces dernières heures, des discussions vont débuter ce lundi entre les syndicats et la direction d'Esso-ExxonMobil.

"Il se peut qu’il y ait demain (lundi) un accord chez Esso. Ça laisse deux options à la CGT, savoir terminer la grève ou pas", analyse l'entourage du président de la République.

"Pour Total, soit ils arrêtent le mouvement pour entrer en négociations, soit ils continuent. Mais s’ils continuent, il y a un risque d’isolement de ce mouvement", poursuit cette source, qui rappelle que l'entreprise "est au centre des débats sur les superprofits." Et selon l'entourage d'Emmanuel Macron, "il y a un débat à avoir sur le niveau de redistribution des richesses."

"L'exécutif a fait preuve d'une immense légèreté"

Car Total a généré des profits mirobolants. Mais les salaires n'ont pas augmenté en conséquence. D'où la colère des salariés et la grève depuis une vingtaine de jours.

Et le calendrier n'a pas joué pas en faveur du président de la République et du gouvernement. Ce week-end, Elisabeth Borne et une dizaine de ministres étaient en Algérie, un déplacement prévu depuis fin septembre. Mais le mainiten de Clément Beaune dans la délégation a posé question.

"L'exécutif a fait preuve d'une immense légèreté. (...) Où est le ministre des Transports?" demandait ainsi sur notre plateau dimanche soir l'éditorialiste Christophe Barbier.

Surtout que, dans quelques jours, le dimanche 16 octobre, la Nupes organise une grande marche à Paris contre la vie chère et l'inaction climatique. Une manifestation à laquelle de nombreuses personnalités appellent à participer, et qui pourrait donner un nouveau souffle au conflit social.

Par Philippe Corbé avec Ariel Guez