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Envoi de troupes, Donald Trump… Ce qu'il faut retenir de la prise de parole d'Emmanuel Macron sur l'Ukraine

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Le président français répondait ce jeudi à des questions sur la guerre en Ukraine et la menace de la Russie sur l'Europe.

Durant plus d'une heure ce jeudi 20 février, le président français Emmanuel Macron a répondu sur ses réseaux sociaux à différentes questions sur le conflit en Ukraine, la menace russe et la sécurité de l’Europe.

Le chef de l’État a pris la parole, quelques heures après avoir longuement réuni les dirigeants de parti ou de groupe représentés au Parlement pour évoquer ces sujets. Il a jugé que "notre sécurité et nos intérêts sont en jeu" sur le théâtre en Ukraine.

• Emmanuel Macron juge "la situation est préoccupante"

Emmanuel Macron a estimé que l’Ukraine "ne peut pas reconquérir par la voie militaire" les territoires occupés par le Kremlin. Le président français a appelé à “une paix durable et solide qui permet à l’Ukraine d’être stable et d'avoir des garanties de sécurité" et "une paix négociée par les Ukrainiens".

Le président français est revenu sur les trois années de conflit, estimant qu’il s’agit "d’un échec pour la Russie", rappelant "des crimes de guerre terribles à Boutcha" commis par les troupes du Kremlin. "L’Ukraine a formidablement résisté", selon Emmanuel Macron qui note que, dans le même temps, "la situation est préoccupante”.

"La Russie a accru son armement (...) et a accru sa coopération avec l’Iran”, selon le président français.

En faisant appel à des soldats nord-coréens, La Russie a “mondialisé la guerre en Ukraine" selon Emmanuel Macron. Ce dernier a évoqué un bilan "d’environ 1 million de morts et blessés" dans les deux camps durant ces trois ans de guerre.

• Le président appelle à "augmenter l’effort de guerre”

Emmanuel Macron a appelé les Européens à "augmenter l'effort de guerre" et à "investir encore plus, français et européens". "On va devoir revisiter nos choix budgétaires", a-t-il prévenu.

Pour le dirigeant français, il faudra “renforcer notre sécurité cyber, sur nos réseaux sociaux, nous protéger des interférences et des attaques".

Afin d'y faire face, le président estime qu’il faut "prendre des décisions pour prendre des mesures plus fortes car c’est notre sécurité qui est en jeu".

• La France "ne compte pas envoyer de combattants en Ukraine"

"Nous ne comptons pas envoyer de combattants en Ukraine", a déclaré le président français, qui souhaite "négocier une vraie paix durable" et "envoyer des forces pour garantir la paix une fois la paix négociée et signée (...) dans un cadre planifié". L’objectif pour l’Élysée: "garantir la sécurité de l’Ukraine".

Emmanuel Macron a expliqué “ne pas exclure qu’une fois la paix négociée, on puisse avoir des forces qui garantissent la sécurité de l'Ukraine".

"On en a parlé avec les Britanniques et d'autres pays", a-t-il précisé mais, selon lui, il est trop tôt pour en dévoiler des détails".

"Aujourd’hui, on équipe, on fournit des armes, des avions", a rappelé le président.

• Macron veut "un financement européen commun massif"

Le président français a été interrogé sur la coopération européenne en matière de défense. Emmanuel Macron a déclaré "qu’une armée unie, ce sera très dur" mais a expliqué vouloir "renforcer un pilier européen de sécurité et de défense" et des "capacités communes" à l’Europe.

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Pour cela, il a déclaré vouloir mettre en place "dans les prochaines semaines un financement européen commun massif pour acheter et produire plus" dans le domaine de la défense.

Mais, Emmanuel Macron a prévenu: si les achats se tournent vers les États-Unis, alors "on n’accroît pas notre autonomie". Selon une étude de l’Institut international d'études stratégiques publié en octobre dernier, 34% des achats faits par les Européens en matière de défense ont été faits à des industriels américains.

Plus tard, le président de la République a indiqué “qu’il va falloir monter” la part de PIB consacré à la défense.

• Il confirme une visite aux États-Unis "dans quelques jours"

Le président français a confirmé qu’il se rendrait à Washington "dans quelques jours". La Maison Blanche a indiqué qu’Emmanuel Macron sera aux États-Unis ce lundi. Déjà hier, Mike Waltz, conseiller américain à la sécurité nationale, avait indiqué que le président français est attendu à Washington la semaine prochaine.

Que dira-t-il à son homologue américain? Emmanuel Macron a distillé quelques idées. "Je vais lui dire: ‘tu ne peux pas être faible face à Poutine, ce n'est pas toi. Comment être crédible face à la Chine ensuite? Si tu laisses l'Ukraine prise, la Russie va être inarrêtable! Elle va récupérer l'armée ukrainienne et notre matériel'”, ce qui serait "une erreur stratégique", selon lui.

Cette visite du président français interviendra alors que les États-Unis multiplient les initiatives et les déclarations fortes sur le dossier ukrainien cette semaine. Des pourparlers entre la Russie et les États-Unis se sont tenus à Ryad, en Arabie Saoudite, ce mardi. Ce jeudi, l’envoyé spécial de Donald Trump pour l’Ukraine Keith Kellogg rencontre le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour sa première visite à Kiev depuis sa nomination.

Il a jugé que le président américain "crée de l’incertitude chez les autres" car “il est capable de tout". "Cette incertitude est bonne pour nous et l’Ukraine. Mais cette incertitude, il faut l’utiliser. Le revers de la médaille est que cela crée de l’incertitude pour les alliés", a poursuivi le dirigeant français.

• Pour Macron, "le président Zelensky est légitime"

Le locataire de l’Élysée a estimé que "le président Zelensky est légitime" et "élu d'un système libre", rappelant la mise en place d'une loi martiale en Ukraine depuis près de trois ans.

Ces propos d'Emmanuel Macron interviennent au lendemain des propos chocs de Donald Trump qui, lui, juge que son homologue ukrainien est un "dictateur sans élections” et jugeant "qu’il a fait un travail épouvantable".

"Vous pensez que, nous dans la même situation, on s’amuserait à faire des élections?", a interrogé Emmanuel Macron qui estime "qu’une paix durable" est "préalable à des élections".

Le président français estime que son homologue ukrainien "peut pas faire des élections". "Est-ce que vous pensez qu'il peut organiser des élections présidentielles ou des élections législatives dans un pays où plusieurs millions d'Ukrainiennes et d'Ukrainiens ont fui pour leur sécurité?", a poursuivi Emmanuel Macron, rappelant que "toute une bande de son territoire qui est conquise par la Russie".

"Nous souhaitons plus de démocratie en Ukraine dans la durée grâce à une paix durable. Le président Zelensky veut la démocratie aussi, car il en est le fruit", a expliqué le dirigeant français.

Matthieu Heyman