"Du Macron tout craché": pourquoi le président appelle à un "gouvernement d'intérêt général"

Emmanuel Macron à l'Élysée lors d'une allocution télévisée le 6 décembre 2024 - Ludovic MARIN / AFP
Une phrase lâchée au détour de son allocution qui pourrait donner la tonalité des prochains mois. Après la démission de Michel Barnier, censuré par l'Assemblée nationale mercredi soir, Emmanuel Macron a promis jeudi soir d'annoncer le nom de son successeur "dans les prochains jours".
Avec une mission: "former un gouvernement d'intérêt général". La formule a de quoi étonner et le programme est pour le moins nébuleux.
"C'est large. C'est du Macron tout craché", soupire un député macroniste auprès de BFMTV.com.
"Sur le papier, tout le monde est d'accord"
Englué dans une nouvelle crise politique, à peine 6 mois après la dissolution et 90 jours après avoir nommé Michel Barnier dans la douleur, le chef de l'État cherche une porte de sortie.
Pour ce faire, il reçoit ce vendredi les dirigeants du parti socialiste avec l'espoir de parvenir à un accord de gouvernement entre une partie de la gauche, le bloc central et les LR.
"Sur le papier, tout le monde est d'accord avec l'intérêt général. Mais c'est notre devoir de rappeler qu'on doit tous travailler au service des Français. Ce qu'on a vu avec la motion de censure prouve qu'on en est loin", tance de son côté l'ancienne porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot.
"Ne pas lancer de grande réforme"
En dépit des appels répétés d'une partie du camp présidentiel à l'endroit des socialistes pour ne pas censurer Michel Barnier, 65 députés sur 66 ont soutenu le renversement du Premier ministre.
"Ce qu'on souhaite aujourd'hui, c'est d'être capable de ne pas rester dans une incertitude chronique. Ça, c'est l'intérêt général et Macron a raison de le rappeler", partage le député Modem Philippe Vigier, ex-ministre délégué sous Élisabeth Borne.
Charge dans ce cadre pour Emmanuel Macron comme pour les éventuels membres de la future coalition gouvernementale de trouver des sujets de consensus.
"L'intérêt général, ça veut dire que le futur gouvernement va se concentrer à faire tourner le pays au mieux sans lancer de grande réforme qui serait un marqueur pour un camp politique", décrypte de son côté le député Renaissance Éric Bothorel.
"Avoir un budget chaque année, oublier les grandes réformes, se concentrer sur l'essentiel, je pense qu'on est tous d'accord", veut croire encore Éric Bothorel, longtemps membre du PS.
"D'accord sur rien du tout"
Avec la question de trouver des sujets consensuels qui pourraient largement rassembler - une gageure dans une Assemblée nationale particulièrement divisée. Rare piste évoquée par les macronistes, une éventuelle loi sur le grand âge déjà repoussée à plusieurs reprises à l'Assemblée nationale.
"On n'est d'accord sur rien du tout depuis des années et personne ne peut dire sérieusement qu'on va réussir maintenant parce qu'on n'a plus de gouvernement", soupire un ex-conseiller ministériel de Bruno Le Maire.
Difficile de lui donner tort: avant son arrivée à l'Élysée, Olivier Faure, le patron des socialistes a déjà demandé que la réforme des retraites soit abrogée ou suspendue pour rentrer au gouvernement.