Dissolution de l'Assemblée: en privé, Emmanuel Macron "convient que c'était mieux avant"

Emmanuel Macron à l'Élysée à Paris, le 20 juin 2024. - ANDRÉ PAIN / POOL / AFP
Un séisme politique qui laisse toujours des traces. Près d'un an après la dissolution de l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron formule des regrets, a appris La Tribune Dimanche, ce dimanche 8 juin, alors que la situation politique paraît aujourd'hui au moins aussi délétère.
"Dans le secret de nos conversations, il convient que c'était mieux avant qu'après la dissolution", confie un proche du président à nos confrères.
Déjà, lors de ses voeux aux Français à l'occasion du Nouvel An, Emmanuel Macron admettait publiquement une potentielle erreur. "La dissolution a apporté, pour le moment, davantage de divisions à l’Assemblée que de solutions pour les Français", disait-il.
"La lucidité et l’humilité commandent de reconnaître qu’à cette heure, cette décision a produit plus d’instabilité que de sérénité et j’en prends toute ma part", ajoutait-il, assurant pourtant avoir agi "pour éviter l'immobilisme qui menaçait".
Un choix défendu comme un "temps de clarification"
Lorsqu'il avait annoncé la dissolution de l'Assemblée, décidée après la défaite du camp présidentiel aux élections européennes, Emmanuel Macron évoquait, en juin 2024, une décision "grave et lourde", mais vantait d'abord "un acte de confiance" auprès des Français.
Cette dissolution devait par ailleurs, selon l'expression d'Emmanuel Macron, constituer un "temps de clarification indispensable", alors que l'Assemblée ne disposait que d'une majorité relative.
Les législatives organisées dans la foulée n'ont pourtant abouti qu'à une Assemblée divisée en trois grands blocs, avec 182 sièges remportés par les élus du Nouveau Front populaire, 168 par le camp présidentiel et 143 par le RN et les alliés LR du RN, sur les 577 que compte la chambre basse du Parlement, faisant encore reculer le parti d'Emmanuel Macron.
Un an après, les Français se montrent circonspects, puisque 7 sur 10 (71%) jugent qu'il s'agissait d'"une mauvaise décision", un chiffre en hausse de 6 points en un an.
D'éventuels référendums évoqués
L'épouse du président, Brigitte Macron, avait tenté en janvier dernier de défendre la dissolution décidée par son mari, en pleine campagne de lancement pour l'opération pièces jaunes.
"Il sait pourquoi il l'a fait, mais il entend aussi ce qu'on lui dit. À gérer, ce n'est pas simple. Mais il faut choisir un chemin, il a choisi un chemin parce qu'il pense que donner la parole aux Français, c'est toujours bien", avait-elle soutenu sur RTL.
Le 31 décembre dernier, Emmanuel Macron avait annoncé qu'il comptait demander en 2025 aux Français de "trancher" des "sujets déterminants", suggérant de possibles référendums.
Depuis, François Bayrou a proposé un référendum sur les finances publiques, accueilli cependant avec circonspection par Emmanuel Macron, ne disant pas non si le vote porte sur un "plan" de réformes économiques et sociales, tout en rappelant que "la fiscalité, le budget" relèvent de la compétence du Parlement.
Pas de nouvelle dissolution attendue
Exactement un an et un jour après le deuxième tour des législatives, le président disposera une nouvelle fois de la possibilité de dissoudre l'Assemblée le 8 juillet prochain.
Emmanuel Macron a cependant affirmé fin avril n'avoir "jamais envisagé" de dissoudre une nouvelle fois l'Assemblée nationale, récusant alors des informations rapportées par l'agence de presse Bloomberg.
"J'ai sans doute commis des erreurs, j'ai fait des choses qui parfois n'étaient pas comprises. C'est sans doute le cas de la dissolution", a-t-il encore reconnu devant la presse.