"Choose Europe for Science": Macron et von der Leyen veulent attirer les chercheurs étrangers, en particulier américains

Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen à l'Élysée le 27 mars 2025 - Ludovic MARIN / AFP
Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen font un appel du pied aux chercheurs étrangers, particulièrement menacés aux États-Unis par les politiques de l'administration Trump, en organisant ce lundi 5 mai la conférence Choose Europe for Science, avec à la clef de possibles incitations financières pour les attirer.
L'événement, qui va réunir des représentants des universités européennes et des commissaires européens ainsi que des ministres de la Recherche, sera clôturé en fin de matinée par le président français et celle de la Commission européenne, dans les locaux historiques du prestigieux campus universitaire de La Sorbonne, au coeur de Paris.
"Défendre nos intérêts stratégiques"
Les menaces pesant sur la liberté académique aux États-Unis sont l'occasion de "défendre nos intérêts stratégiques et porter une vision universaliste", constate un conseiller d'Emmanuel Macron.
Le président avait annoncé la tenue de la conférence à la mi-avril, au moment où était lancée une plateforme Choose France for Science. Avant l'annonce d'une initiative similaire du Centre national de la recherche française (CNRS), premier organisme européen en nombre de chercheurs.
Il s'agit de montrer "dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reflux ou de menaces, que l'Europe est un continent d'attractivité", selon l'Élysée.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et ont peur pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche minées, financements sabrés.
Une initiative "choquante" pour des syndicats français
La conférence de lundi mêlera annonces concrètes et réflexions sur l'avenir. Pour la France, "il y a des crédits, il y a des montants" qui seront annoncés, éventuellement sous la forme d'incitations fiscales, a précisé un conseiller du président Macron.
La plateforme Choose France for Science indique que l'État pourrait abonder jusqu'à 50% de certains projets de recherche, au mérite. Mais les opérateurs attendent une annonce sur l'enveloppe globale qui sera allouée.
L'initiative fait grincer les dents des syndicats français de l'enseignement supérieur et de la recherche qui la jugent "choquante, voire indécente". Ils dénoncent le "sous-financement chronique" du secteur et des "regroupements forcés" d'établissements.
Un environnement français peu attractif
Le budget 2025 du ministère de la Recherche a d'ailleurs enregistré une baisse d'un milliard d'euros cette année pour un budget total qui représente 2,2% du PIB. Très loin des États-Unis qui consacraient jusqu'ici chaque année 3,46% de leur PIB.
Quant aux salaires, ils n'ont rien à voir. En France, selon le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, un chercheur d’environ 35 ans touche autour de 3.600 euros brut par mois, primes et heures supplémentaires incluses).
En comparaison, un postdoctorant qui est bien souvent un chercheur en tout début de carrière à l’université Stanford (Californie) perçoit environ 6.000 euros par mois, d'après les grilles de salaire indiquées sur leur site.
Autant dire que les éventuelles mesures que pourraient annoncer Ursula von der Leyen sont très attendues.
Dépendences européennes
Ces annonces seront fléchées vers la recherche dans les domaines de la santé, du climat et de la biodiversité, du numérique et de l'intelligence artificielle, de l'espace ou encore de l'agriculture, selon l'Élysée.
L'événement se tiendra dans un format "européen au sens large", selon l'Élysée, avec des Britanniques, Suisses et Norvégiens. La matinée comprendra deux tables rondes, incluant des universitaires et industriels américains.
L'une sur le thème des libertés académiques et de la contribution de la recherche aux biens publics mondiaux. Comme notamment les bases de données, dont beaucoup sont internationales, et dont l'accès à certaines pourrait être menacé par des décisions de l'administration américaine.
La deuxième étudiera justement les moyens de lutter contre les dépendances européennes en matière de recherche. Mais aussi les orientations stratégiques à prendre en termes à la fois "de financement, d'innovation et de structuration de la recherche au niveau français et au niveau européen", selon un conseiller de l'Élysée.
La journée se poursuivra avec une réunion de ministres européens de la Recherche, à l'invitation de leur homologue français Philippe Baptiste. Il accueillera à son ministère des présidents d'universités et grands instituts de recherche européens.