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États-Unis: un chercheur du CNRS refoulé à la frontière pour "une opinion personnelle" anti-Trump

Des passagers pour les vols de départ à l'aéroport intercontinental George Bush, le 2 septembre 2022 à Houston, au Texas (photo d'illustration).

Des passagers pour les vols de départ à l'aéroport intercontinental George Bush, le 2 septembre 2022 à Houston, au Texas (photo d'illustration). - Brandon Bell / Getty images / via AFP

Un chercheur français en mission pour le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) venu assister à une conférence au Texas a été refoulé à la frontière parce qu’il avait exprimé une opinion contraire à la politique américaine en matière de recherche.

Un scientifique interdit de conférence et de séjour aux États-Unis. Le gouvernement français a annoncé qu'un chercheur français venu assister à une conférence à Houston (Texas) a été refoulé par les autorités américaines pour avoir exprimé une "opinion personnelle" sur la politique américaine de Donald Trump en matière de recherche.

Pendant un contrôle aléatoire lors de son arrivée aux États-Unis le 9 mars, l'ordinateur du chercheur et son téléphone auraient été vérifiés. Le chercheur dans le domaine spatial aurait subi un contrôle aléatoire à son arrivée, au cours duquel son ordinateur professionnel et son téléphone personnel auraient été fouillés.

Les autorités auraient trouvé des messages "qui traduisent une haine envers Trump et peuvent être qualifiés de terrorisme", explique une source diplomatique à l'Agence France-presse (AFP). Le chercheur a finalement été renvoyé en Europe le 10 mars.

"J'ai appris avec préoccupation qu'un chercheur français qui se rendait à une conférence près de Houston s'est vu interdire l'entrée sur le territoire américain avant d'en être expulsé", a affirmé mercredi le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, dans une déclaration transmise à l'AFP ce 19 mars.

"Cette mesure aurait été prise par les autorités américaines parce que le téléphone de ce chercheur contenait des échanges avec des collègues et des relations amicales dans lesquels il exprimait une opinion personnelle sur la politique menée par l'administration Trump en matière de recherche", a-t-il ajouté.

Le Quai d'orsay "déplore cette situation"

Depuis plusieurs mois, Donald Trump ne cesse de critiquer la communauté scientifique en multipliant des annonces sur les censures de certains projets scientifiques ou encore ou en réduisant le budget des chercheurs.

"La liberté d'opinion, la recherche libre et les libertés académiques sont des valeurs que nous continuerons à revendiquer fièrement. Je défendrai la possibilité pour tous les chercheurs français d'y être fidèles, dans le respect de la loi", a conclu Philippe Baptiste.

Une enquête du FBI lui aurait été annoncée, mais "les charges ont été abandonnées", toujours selon une source diplomatique à l'AFP.

De son côté, le ministère français des Affaires étrangères rappelle que les États-Unis sont "souverains" en matière d'entrée et de séjour de ressortissants étrangers sur leur territoire. Toutefois, le ministère "déplore cette situation" et rappelle sa "volonté de promouvoir la liberté d'expression", ainsi que l'engagement du gouvernement français "pour la coopération universitaire et scientifique".

Un démenti de la sécurité intérieure

Face à l'ampleur prise par cette interdiction d'entrer sur le territoire américain, le ministère de la sécurité intérieure a réagi dans un communiqué, indiquant que "toute affirmation selon laquelle son renvoi était fondé sur des convictions politiques est manifestement fausse".

"Le chercheur français en question était en possession d'informations confidentielles sur son appareil électronique provenant du laboratoire national de Los Alamos - en violation d'un accord de non-divulgation - ce qu'il a admis avoir pris sans permission et tenté de dissimuler", a déclaré Tricia McLaughlin, porte-parole du ministère.

Le service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP) a déclaré à CNN qu'il ne pouvait pas parler de cas particuliers, mais que toutes les personnes entrant aux États-Unis "sont soumises à une inspection au cas par cas".

"Si des éléments découverts sur les supports électroniques d'une personne soulèvent des questions lors d'une inspection, ils peuvent donner lieu à une analyse plus approfondie. Les allégations selon lesquelles ces décisions sont motivées par des considérations politiques sont totalement infondées", a déclaré Hilton Beckham, commissaire adjoint aux affaires publiques du CBP, dans un communiqué.

Ilyana Hamiti avec AFP