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"C'est une erreur de refuser de combattre": ces élus PS qui veulent siéger face au FN

Une militante PS du Nord dimanche 6 décembre au soir du premier tour des régionales (illustration)

Une militante PS du Nord dimanche 6 décembre au soir du premier tour des régionales (illustration) - Philippe Huguen - AFP

Dans les régions où la direction du PS a imposé le retrait de ses listes pour le second tour, les élus n'ont pas tous courbé l'échine. A l'image de Jean-Pierre Masseret en Alca, des frondes existent dans le Nord et en Paca. Leur argument principal? Il est nécessaire de combattre le FN au sein des instance et ne pas entrer "en clandestinité". 

En choisissant, en accord avec François Hollande et Manuel Valls, un "barrage républicain" face au Front national en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Cote-d'Azur et en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis a acté dimanche l'idée que pendant six ans "les socialistes ne siègeront pas dans ces régions". On parle à l'heure actuelle, au sens large de la gauche, de près de 200 élus de terrain qui pour la plupart n'ont pas de mandat nationaux.

Pierre de Saintignon et Christophe Castaner ont validé la stratégie adoptée à Solférino au soir du premier tour. Pas Jean-Pierre Masseret, le chef de file du PS en ALCA, qui a préféré défier son état-major qui tente pourtant de le faire plier via des appels publics -de Manuel Valls notamment qui a aussi tenté le SMS- à voter pour le candidat Les Républicains ou des tentatives pour faire reculer une majorité de ses colistiers.

Lundi soir sur le plateau de TF1, le Premier ministre a appelé à la "dignité" de ces élus sacrifiés. C'est justement la question qui froisse la gauche. Fallait-il renoncer et disparaître du paysage politique?

"On est candidat pour être élu, de la majorité ou de l'opposition"

"Je suis désolé, mais il y a des choses que je ne peux pas faire", justifie Jean-Pierre Masseret, regrettant "la confrontation" avec Paris. "Je porte la défense d'intérêts" car "on est candidat pour être élu, de la majorité ou de l'opposition", argumente le sénateur. Combattre le Front national, c'est aussi siéger dans les commissions de la région pour participer au débat, selon lui.

Selon cet ex-secrétaire d'État aux Anciens combattants dans le gouvernement Jospin, "c'est l'affrontement avec le FN qui fera reculer ce parti, pas l'évitement!". "Les électeurs de gauche qui se sont exprimés ont besoin demain d'être représentés dans la nouvelle assemblée territoriale", a ajouté le président du conseil régional de Lorraine depuis 2004.

"Je suis un homme de gauche et vous n'imaginez quand même pas que je vais laisser 5,5 millions d'habitants gérés entre une droite qui est partie à l'extrême ou l'extrême droite nationaliste", disait-il dès dimanche soir. 

Une liste dissidente de gauche en Paca?

Une vision défendue au Nord et au Sud de la France. "Si la région est aux mains du Front national dimanche, alors la gauche doit être présente pour défendre ses valeurs au sein de l'Assemblée", explique à BFMTV Françoise Dal, élue MRC dans le Nord-Pas-de-Calais depuis 29 ans et qui prépare désormais ses cartons. "C'est une erreur de refuser de combattre."

En Paca, c'est le maire de la Seyne-sur-Mer, Marc Vuillemot, qui mène la fronde contre sa direction en demandant à Christophe Castaner de ne pas retirer sa liste ou de céder son mandat pour "résister". "Le peuple méridional ne peut se résoudre à l'impasse d'un choix entre l'extrême droite et ce que Christophe Castaner a qualifié pendant des mois, à juste titre, de 'droite extrême'", écrit-il dans un communiqué lundi.

Le PS "prive les électeurs de la possibilité de choisir"

"L'argument d'une pseudo-responsabilité ne tient pas", expose Marc Vuillemot avant de s'insurger que le "vrai camp républicain, celui de la gauche, ne puisse porter une voix d'opposition" au sein du conseil régional et doive entrer "en clandestinité contrainte". Jean-Marc Coppola, co-tête de liste (PCF-FDG), s'associe à la démarche. 

"En décidant de se retirer de la course, le PS opte pour l’impuissance et la capitulation, écrit-il dans un communiqué. Il prive ainsi les électrices et électeurs de la possibilité de choisir la voie du combat politique et de la résistance à l’extrême droite". Dans la région, les électeurs évoquent "leur colère et leur amertume" contre cette décision qui est perçue comme un "désintérêt" des instances pour "la vie quotidienne des sympathisants".

Et pendant ce temps, dans ces régions désertées par le PS, les candidats LR se présentent en rempart du Front national: dans le Nord, Xavier Bertrand revendique le costume "d'ennemi numéro 1" du FN quand Christian Estrosi a ajouté sur ses affiches et tracts la mention "Le Résistant".

Samuel Auffray