Présidentielle: pourquoi Marine Le Pen a choisi Avignon pour son premier meeting d'entre-deux-tours

La candidate du RN se rend ce jeudi soir à Avignon pour l'un de ses plus grands raouts de campagne. L'occasion pour elle de se mettre en scène en Vaucluse, un département qui vote massivement pour elle, mais également de séduire tous azimuts, à gauche comme à droite.

Pour l'un de ses seuls grands meetings de campagne, Marine Le Pen a choisi Avignon. Un choix qui ne doit rien au hasard et qui permet à la candidate de tenter de séduire les électeurs de gauche mais également de droite qui pourraient être tentés par un vote en faveur d'Emmanuel Macron.

Le département de Vaucluse a largement placé la candidate du RN en tête le soir du premier tour avec 29% des voix, loin devant le président (22%). Ce département a une forte valeur symbolique pour le Rassemblement national, d'abord parce qu'il y fait régulièrement certains de ses meilleurs scores nationaux et que plusieurs mairies sont dirigées par des élus du parti, comme Joris Hébrard, le maire du Pontet ou encore Philippe de Beauregard à Camaret-du-Aigues.

Parler à la gauche

"On veut montrer ce qu'on sait faire concrètement quand on est à la tête de communes qui nous ont réélus très largement en 2020. Ça montre que quand on est aux manettes, on sait convaincre", assure un lieutenant de Marine Le Pen auprès de BFMTV.com.

Avignon est cependant une exception sur ces terres très marinistes. La ville a en effet placé en tête Jean-Luc Mélenchon au premier tour (36,87%). Alors que Marine Le Pen doit s'adresser à la gauche pour avoir une chance de gagner, elle pourrait multiplier les clins d'œil à l'électorat insoumis lors de ce meeting.

Mais le département de Vaucluse offre également des arguments pour convaincre la droite, à l'instar de l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, Thierry Mariani, élu sur ces terres, et transfuge au RN depuis 2019. C'est l'un des seuls candidats du parti à avoir passé la barre du premier tour aux dernières élections régionales et à avoir ferraillé avec le président sortant de la Région Sud, Renaud Muselier.

"Laver l'affront"

Alors que ce dernier, pourtant issu des bancs de la droite, avait passé un accord avec La République en marche, Thierry Mariani n'a cessé de dire pendant la campagne que "la seule vraie opposition à Emmanuel Macron, c'est nous". Malgré sa défaite au second tour des régionales, son parcours donne du grain à moudre à la candidate pour convaincre des électeurs de Valérie Pécresse tentés par un vote Macron.

Vaucluse a également été le théâtre d'une affaire qui a largement agité le Front national au début des années 1990. Après la profanation d'une trentaine de tombes dans un cimetière juif de Carpentras, Pierre Joxe alors ministre de l'Intérieur avait déclaré devant des journalistes que "Jean-Marie Le Pen (était) l'un des responsables, non pas des actes de Carpentras, mais de tout ce qui (avait) été inspiré par la haine raciste".

6 ans plus tard, des néonazis sans aucun lien avec le parti sont arrêtés. En 2012, des années plus tard, lors de sa campagne gagnante pour les législatives, Marion Maréchal n'a eu de cesse de répéter qu'elle voulait "laver l'affront fait à sa famille".

Reprendre des forces

Alors que Marine Le Pen a expliqué mercredi soir que "le système était en train de se réveiller contre elle" sur BFMTV, elle pourrait prendre ce faits divers comme preuve d'une candidate qu'on a longtemps cherché à diaboliser.

Avignon a également le mérite d'être proche géographiquement de plusieurs terres qui votent fortement en faveur de Marine Le Pen comme le Var, les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes.

La candidate mise fortement sur ce meeting pour inverser les courbes en sa faveur. Alors que l'écart semblait s'être amenuisé dans les sondages de second tour avec son adversaire, elle est à nouveau en recul (46,5% des voix) dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express.

Marie-Pierre Bourgeois