Aliot n'imagine pas les électeurs de Mélenchon rallier Macron "à moins d'être suicidaires"

Au milieu du duel de l'entre-deux tours qui s'amorce entre Marine Le Pen et le président sortant, un électorat se dresse comme un arbitre: les 21,95% des suffrages exprimés en faveur de Jean-Luc Mélenchon au premier tour du scrutin dimanche. Tandis que la candidate du Rassemblement national et Emmanuel Macron sont tous deux engagés dans une course aux réserves de voix pour s'assurer de la victoire le 24 avril, les votants insoumis font l'objet de toutes les convoitises.
Misant sur un "front anti-Macron", Louis Aliot, maire RN de Perpignan, s'est adressé à eux sur BFMTV-RMC ce mardi matin. Il a exclu de voir ces sympathisants de gauche et opposants résolus à la politique d'Emmanuel Macron rallier le chef de l'exécutif afin de barrer la route de l'Elysée à Marine Le Pen.
Aliot fait miroiter aux insoumis une "vraie alternance au système"
"L'électorat de monsieur Mélenchon, pendant huit mois, se sera quand même mobilisé contre monsieur Macron! Donc à moins que ces gens soient suicidaires, je ne vois pas pourquoi ils iraient se reporter en masse sur monsieur Macron", a ainsi jugé le vice-président du RN.
"Le front des anti-Macron est aujourd'hui bien supérieur à ceux qui éventuellement ne voudraient pas voir Marine Le Pen arriver au pouvoir", a-t-il assuré, encourageant ensuite les détracteurs d'Emmanuel Macron: "Une vraie alternance au système est possible et c'est Marine Le Pen qui la porte".
La défense des services publics pour séduire à gauche
Le maire de Perpignan a tenté de tirer du programme de Marine Le Pen des arguments pour convaincre à gauche. "Un autre avenir est possible, on n'est pas obligé d'avoir monsieur Macron cinq ans de plus. On peut s'occuper mieux des services publics, s'occuper enfin des transports, la situation des hôpitaux, des urgences, les médecins - même en villes, il en manque - l'état des forces de police", a-t-il listé.
Toutefois, de là à voir les électeurs de Jean-Luc Mélenchon se tourner vers la candidate d'extrême droite, il y a un fossé que Jean-Luc Mélenchon a agrandi et approfondi dès dimanche soir en répétant à trois reprises qu'il ne fallait pas donner "une voix à madame Le Pen".
Interrogée à ce propos sur France Inter ce mardi, la principale intéressée a d'ailleurs dénoncé cette consigne transmise par le député insoumis aux siens comme "une trahison de sa part, de ses électeurs".
Une "colère" générale menace selon Aliot
De toute façon, le "front anti-Macron" dépeint par Louis Aliot excède le seul électorat mélenchoniste pour agréger notamment la France rurale, partageant une même inquiétude quant à l'avenir des services publics et au pouvoir d'achat.
"C'est la France profonde qui se lève, se soulève. C'est elle qui fera l'élection dans quinze jours parce qu'au fin fond de nos territoires, il y a des gens qui n'en peuvent plus du coût de la vie, du mauvais fonctionnement des réseaux de transports, du mauvais réseau des services publics. Il y a une vraie colère rurale qui est en train de se manifester dans les urnes", a-t-il analysé.
Aliot prédit des "affrontements dans les deux ans" en cas de réélection de Macron
Le maire de Perpignan a même dit craindre une explosion sociale et politique en cas de réélection d'Emmanuel Macron. Brocardant une nouvelle fois l'exécutif, il a fustigé: "Ceux-là conduisent la France à la faillite et à des problèmes sociaux gravissimes car si on a monsieur Macron cinq ans de plus, je peux vous dire que tout le monde sortira dans la rue."
Louis Aliot est allé un cran plus loin en livrant un pronostic particulièrement sombre: "Je pense que soit c'est Marine Le Pen et on trouve la solution pour rassembler, apaiser, nourrir une autre politique, soit on continue avec monsieur Macron et on va vers des affrontements dans les deux années qui arrivent".
