Retraite à 65 ans : comment le vote Mélenchon pourrait peser sur l’entre deux-tours entre Le Pen et Macron

La réforme des retraites sera l'un des enjeux du prochain quinquennat. Sur ce dossier, les deux candidats qualifiés pour le second tour de l'élection présidentielle ont des programmes opposés.
La priorité d'Emmanuel Macron est de reculer l'âge de la retraite à 65 ans au lieu de 62 ans de façon progressive. Il propose de travailler 4 mois de plus par an à partir de la génération née en 1961. Il compte faire passer dès l'automne. Le candidat projette aussi de revaloriser les pensions sur l'inflation dès cet été et non pas comme prévu en janvier pour tenir compte de la flambée des prix. Enfin, il veut très vite supprimer les principaux régimes spéciaux, ceux d'EDF ou de la RATP, mais uniquement pour les nouveaux entrants à l'image de ce qui s'est fait à la SNCF.
Les autres sujets, eux, sont relégués à plus tard. Plus question de parler de régime universel où l'ensemble des régimes serait fusionné en un seul ou de basculer dans un système à point. Ces mesures semblent enterrées. En revanche, Emmanuel Macron ne capitule pas sur son intention d'harmoniser les règles (cotisations, pensions de reversion...), mais là encore uniquement pour les nouveaux entrants.
"Ce programme est quelque chose qui fédère les retraités d'aujourd'hui. C'est aussi l'un des points qui a permis de conquérir les électeurs de droite. Si cette réforme ne suscite pas l'adhésion de la population française, elle est populaire chez des électeurs de François Fillon de 2017", explique sur BFM Business François Miquet-Marty, directeur de l'institut de sondage ViaVoice.
Un programme à double tranchant
Si ce programme a joué positivement en faveur d'Emmanuel Macron au 1er tour, ne va-t-il le desservir au second? D'autant que Marine Le Pen veut maintenir le départ de à la retraite à 62 ans tout en permettant aux travailleurs qui ont commencé tôt leur carrière de partir à 60 ans. Arrivé en troisième place, Jean-Luc Mélenchon voulait lui baisser l'âge de la retraite à 60 ans.
"Cette réforme est une réforme de 1er tour. Les propositions de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon sont beaucoup plus fédératrices. Si Emmanuel Macron est réélu, c'est un sujet qui peut créer des tensions. Une partie des Français s'estime en déclassement et ont besoin d'être rassurés et le programme d'Emmanuel Macron inquiète", indique François Miquet-Marty.
Cet argument est sensible. En s'adressant sans les nommer aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon, Jordan Bardella (RN) a lancé dès hier soir que "voter pour Macron au second tour, c'est voter pour la retraite à 65 ans". Les mêmes propos ont été tenus dans la soirée par Alexis Corbière (LFI).
Pour le candidat LREM, la réforme des retraites est à double tranchant, note le directeur de ViaVoice. C'est à la fois un gage de crédibilité et de sérieux, mais il y a aussi chez les Français des aspirations divergentes. Va-t-il atténuer sa position dans l'entre-deux tour?
"Difficile de le faire à ce moment, mais après, dans la mise en œuvre des aménagements sont possible, ça s'est déjà vu dans le passé. C'est l'un des sujets les plus sensibles dans la population aujourd'hui", rappelle François Miquet-Marty
