Polémique McKinsey: Macron justifie un recours "ponctuel" aux cabinets de conseil

Le service après-vente se poursuit. Au lendemain d'une conférence de presse de deux de ses ministres, Emmanuel Macron a une nouvelle fois été interrogé ce jeudi sur la polémique grandissante liée au recours aux cabinets de conseil. Selon un rapport sénatorial, les dépenses de conseil des ministères sont, à ce sujet, passées de 379,1 millions d'euros en 2018, à 893,9 millions d'euros en 2021.
"Cette polémique est liée à des gens qui ont fait des contrevérités", a commenté le président de la République durant un déplacement à Fouras (Charente-Maritime).
Un fonctionnaire embauché, "vous l'avez toute la vie"
Par la suite, il a tenté de justifier ce recours de plus en plus fréquent aux cabinets, dont McKinsey, accusé de ne pas avoir payé d'impôts sur les sociétés en France entre 2011 et 2020. "Quand vous devez faire des prestations informatiques, vous adapter à la cyber-sécurité, ce n’est pas des compétences que vous avez dans l'État", a-t-il débuté.
"Quand vous embauchez un fonctionnaire, vous l’avez toute la vie", a-t-il poursuivi. "Mais il faut qu’il ait des compétences dont vous avez besoin dans la durée. Quand c’est une mission ponctuelle, ce n’est pas une bonne utilisation de votre argent de créer un emploi dont nous allons payer toute la carrière et la retraite."
"Il est tout à fait légitime de se dire que si l’on a besoin d’une mission, je prends quelqu’un pour la mission, soit un contractuel, soit un prestataire."
Dans son argumentaire, Emmanuel Macron l'assure, ce recours aux cabinets de conseil n'est pas uniquement du fait des ministères. "Les collectivités locales le font beaucoup, les entreprises le font, il est normal que l’État le fasse", a-t-il affirmé.
"Ce qui ne me semblerait pas normal, c’est que l’État français fasse quatre ou cinq fois plus que les voisins. Il se trouve qu’on fait quatre à cinq fois moins car on a plus de fonctionnaires", a-t-il encore martelé.
"Habituel et utile"
La veille, au cours d'une conférence de presse commune, les ministres de la Transformation et de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, et des Comptes Publics, Olivier Dussopt, ont également tenté d'éteindre le début de polémique.
Selon eux, le recours aux cabinets de conseil est "habituel et utile" et que la pratique est "répandue", "habituelle" et "utile" dans la "majorité des cas".
En réponse aux craintes d'une dépendance des pouvoirs publics envers certains cabinets de conseil, Amélie de Montchalin a rappelé que "aucun cabinet de conseil n'a décidé d'aucune réforme et la décision revient toujours à l'État". Il n'y a pas non plus d'interdépendance entre les cabinets de conseil et l'État, pour Olivier Dussopt qui a affirmé que le recours aux cabinets de conseil représentait "0,3% de la masse salariale totale de l'État".
Plus précisément, le cabinet McKinsey, sous le feu des projecteurs car accusé de ne pas avoir payé d'impôts sur les sociétés en France entre 2011 et 2020, représente 5% des dépenses de conseil en stratégie de l'État, a détaillé ce dernier. Et le gouvernement représente de son côté 5% du chiffre d'affaires de McKinsey, a-t-il ajouté.