Marine Le Pen: quelle campagne d’entre-deux-tours?

Marine Le Pen. - Franck Pennant - AFP
Ils se croiseront ce mardi. Marine Le Pen comme Emmanuel Macron sont présents pour l’hommage national à Xavier Jugelé, le policier assassiné sur les Champs-Elysées le 20 avril. Ils se retrouveront également en face-à-face pour le débat télévisé de l’entre-deux-tours le 3 mai. Entre ces deux dates, la présidente du Front national s’imposera un rythme de campagne intense.
Arrivée deuxième du premier tour (21,30%) dimanche, Marine Le Pen compte bien faire feu de tout bois pour espérer rattraper le candidat d’En Marche!, premier du podium (24,01%) désormais soutenu par l’ensemble des appareils politiques.
> Saturer le terrain
Pas une minute à perdre. Contrairement à Emmanuel Macron, qui s’est accordé un court répit après le premier tour, Marine Le Pen est repartie en campagne sans attendre. Avec une ligne de conduite: occuper le terrain médiatique aux maximum.
Dès lundi, accompagnée de quelques médias, la présidente du FN a fait un saut de puce à Rouvroy. "Ça change de La Rotonde", a-t-elle ironisé sur le marché de cette petite ville du Pas-de-Calais. Un clin d’œil narquois à la fête organisée par Emmanuel Macron dimanche dans une brasserie parisienne, comme pour mieux se poser en porte-parole du "peuple" contre les élites.
Le soir même, Marine Le Pen était l’invitée du JT de France 2. Sa tournée des plateaux se poursuivra mardi soir avec une émission spécialement conçue pour l’entre-deux-tours par TF1, "Elysée 2017".
> Chasser les votes tous azimuts
Le soutien de Christine Boutin risque bien de ne pas suffire. Donnée perdante au deuxième tour à 36% contre 64% pour Emmanuel Macron selon un sondage Elabe pour BFMTV, Marine Le Pen doit absolument élargir son assise électorale si elle veut déjouer les pronostics. Sa mise en congé symbolique du FN lundi peut se comprendre à l’aune de cette stratégie.
Tout comme les messages à l’intention des partisans de François Fillon ou de Jean-Luc Mélenchon, qu’elle a multiplié depuis dimanche. Il faut dire que 28% des premiers et 16% des seconds seraient prêts à glisser un bulletin FN dans l’urne le 7 mai, selon notre enquête. Pas négligeable.
Florian Philippot, bras droit de Marine Le Pen, a d'ailleurs tendu la main aux électeurs Les Républicains dès le soir du premier tour:
"Je lance un appel à tous les électeurs, et y compris bien sûr les électeurs qui ont fait le choix de monsieur Fillon et qui ont pu avoir le sentiment qu’au premier tour, on leur a un peu volé leur élection".
Jeudi, Marine Le Pen tiendra son premier meeting d’entre-deux-tours à Nice. Un choix pas innocent. Sur ces terres sarkozystes, elle a terminé deuxième (25,28%) derrière François Fillon (26,10%) dimanche soir.
Pour ce qui est des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen peut espérer tabler sur l’absence de consigne de vote (pour l’instant) de la part du candidat de la France insoumise. Sa dénonciation appuyée de la "mondialisation sauvage" lundi à Rouvroy s’adresse davantage aux électeurs du fondateur du Parti de gauche qu’à ceux de François Fillon.
Marine Le Pen n’ignore pas non plus les partisans de Nicolas Dupont-Aignan, dont elle a jugé le projet "extrêmement proche" du sien lundi sur France 2.
> Pilonner sans arrêt Emmanuel Macron
Vous avez aimé "Emmanuel Hollande"? Vous allez adorer "Bébé Hollande". C’est le nouveau surnom donné à Emmanuel Macron par les dirigeants du Front national. Marine Le Pen a qualifié ainsi son rival ce mardi matin lors de sa visite à Rungis. Et au même moment, son compagnon Louis Aliot répétait le sobriquet sur BFMTV:
"Je vois mal comment des gens de droite, qui vouent monsieur Hollande aux gémonies, pourraient voter pour le bébé de François Hollande".
L’objectif frontiste est clair: faire plus que jamais du candidat d’En Marche! l’héritier du président de la République. En espérant capitaliser sur le rejet du quinquennat, très fort chez les électeurs Les Républicains et chez les soutiens de Jean-Luc Mélenchon.
A côté de cette nouvelle trouvaille sémantique, Marine Le Pen peaufine ses traditionnels angles d’attaque contre Emmanuel Macron, dépeint en candidat "faiblard" sur les questions d’immigration ou de terrorisme et en partisan acharné d’un modèle économique ultra-libéral. Au sujet de celui qui se définit comme le candidat des "patriotes", elle a estimé lundi sur France 2:
"Rien (chez lui) ne dénote la moindre preuve d’amour pour la France".