Macron: à quoi va ressembler sa campagne d'entre-deux-tours?

Emmanuel Macron, le 24 avril 2017, à Paris. - Lionel Bonaventure - AFP
Passée la célébration, Emmanuel Macron s'est remis en marche. Le candidat, arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle, dimanche, devant la candidate du Front national Marine le Pen, a lancé, dès lundi, sa campagne d'entre-deux-tours, dont la visée principale va être de rassembler à droite comme à gauche, afin de s'assurer une victoire confortable le 7 mai, mais aussi de bâtir une future majorité gouvernementale. Et pour ce faire, l'ancien ministre de l'Economie met en place une stratégie d'ouverture à plusieurs volets.
> Consulter des ténors de droite
Malgré un discours de soir de premier tour très victorieux, ainsi qu'un dîner de fête à la célèbre brasserie La Rotonde, à Paris, qui lui coûte une première polémique, Emmanuel Macron s'est remis au travail dès lundi, pour commencer sa chasse aux ralliements. En effet, dimanche soir, dans son discours, le candidat du mouvement En Marche! a assuré vouloir "construire une majorité de gouvernement et de transformation nouvelle", faite "de nouveaux visages et de nouveaux talents".
Ces premiers jours d'entre-deux tours sont logiquement consacrés aux négociations politiques. A l'heure où tous les gros candidats défaits de dimanche soir, à l'exception de Jean-Luc Mélenchon, ont appelé à voter pour lui au second tour, Emmanuel Macron s'attelle à la construction d'une majorité politique, gardant en tête les élections législatives qui se tiendront en juin. "Il va consulter, durant les prochains jours, pour savoir qui est prêt à s’engager sur le programme qu’il propose", explique ainsi l’un de ses soutiens, cité par L'Opinion. A grand renfort de coups de téléphone, le candidat progressiste veut concrétiser sa volonté d'une large ouverture, englobant droite "tendance Juppé-Raffarin" et gauche social-libérale.
Plusieurs noms de personnalités de droite circulent d'ores-et-déjà dans l'entourage du fondateur d'En Marche!, parmi ceux qu'il aimerait associer à son projet: Bruno Le Maire, NKM, Edouard Philippe, Xavier Bertrand ou encore Benoist Apparu, font notamment partie de la liste. Toutefois, si ces personnalités ont pu appeler au vote Macron le 7 mai, leur ralliement au projet du candidat reste moins certain, de nombreux élus Les Républicains préférant miser sur une cohabitation.
> Se "présidentialiser"
Après la figure de favori, Emmanuel Macron va devoir travailler la figure de président. "Face à Marine Le Pen qui est le challenger et qui doit accélérer, lui doit avoir un autre objectif, se présidentialiser", estime ainsi notre éditorialiste politique Christophe Barbier. Un objectif qui passe, par exemple, par la participation à des hommages.
Lundi, Emmanuel Macron, pour sa première apparition publique d'entre-deux-tours, a participé à une commémoration du génocide arménien de 1915, à Paris. Le candidat est venu fleurir un monument en mémoire du compositeur Komitas et des 1,5 million de victimes. Son équipe avait d'ailleurs insisté pour une cérémonie distincte de celle de François Hollande, prévue au même endroit. Ce mardi, Emmanuel Macron se rendra également à l'hommage national rendu à Xavier Jugelé, le policier tué jeudi lors de l'attentat sur les Champs-Elysées. Les deux candidats qualifiés pour le second tour ont été invités à participer à cette cérémonie par le chef de l'Etat, et ont tout deux répondu favorablement.
Lundi toujours, le candidat a également multiplié les contacts avec des dirigeants européens, avec lesquels il sera peut-être amené à travailler d'ici quelques semaines. Emmanuel Macron s'est notamment entretenu avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras, le Premier ministre irlandais Enda Kenny et le président de la Commission européenne Jean-Claude-Juncker.
> Se déplacer sur le terrain
Outre un rassemblement prévu à Paris le 1er mai, jour de la Fête du Travail, lors de laquelle le FN devrait de son côté tenter de réaliser une démonstration de force, Emmanuel Macron pourrait tenir plusieurs meetings d'ici au 7 mai. Le candidat prévoit notamment de se déplacer sur les terres conquises par Marine Le Pen. Selon La Voix du Nord, il devrait ainsi donner un meeting à Arras, dans le Pas-de-Calais, ce mercredi. Une réunion publique à l'origine prévue vendredi dernier, mais qu'Emmanuel Macron avait choisi d'annuler après l'attentat perpétré jeudi soir sur les Champs-Elysées.
Emmanuel Macron fera également un déplacement à Amiens, où il est attendu de pied ferme par les salariés de l'usine Whirlpool, qui tiennent depuis lundi un piquet de grève. Le candidat, qui a fait la promesse de sa venue, devrait s'y rendre dans la semaine.
> Attaquer frontalement Marine Le Pen?
Autre rendez-vous d'entre-deux-tours, et pas des moindres: le débat face à sa rivale, Marine Le Pen. Alors que Jacques Chirac avait refusé la confrontation avec Jean-Marie Le Pen en 2002, Emmanuel Macron l'accepte. Lundi, l'entourage du candidat a annoncé la confirmation de sa participation à ce débat télévisé, fixé au mercredi 3 mai, soit quatre jours avant le scrutin du second tour.
Dans l'entourage d'Emmanuel Macron, on s'oppose en tout cas sur la stratégie à adopter face à la candidate frontiste, dans cette ultime ligne droite. Pour le député PS des Français de l'étranger, Arnaud Leroy, il faut "accepter le choc frontal". "Le débat moral contre le FN est mort, cela ne suffit plus, il faut aller chercher dans son programme, débusquer ses mensonges", estime l'élu, cité par Le Monde.
Mais pour le député PS du Finistère et secrétaire général d'En Marche!, Richard Ferrand, cette stratégie de choc frontal n'est pas la bonne. "Depuis le début, nous faisons une campagne pour. Nous n’allons pas commencer à faire une campagne contre", fait-il valoir, privilégiant la poursuite de la logique de "rassemblement" et de "renouveler", en contournant les pièges que pourrait tendre le FN.