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EDITO - Discours d'Emmanuel Macron: entre "ouverture" et "mea culpa en longueur"

Emmanuel Macron

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Ce mardi, Emmanuel Macron a pris la parole publiquement au sein du Haut conseil pour le climat pour préciser sa politique énergétique et surtout répondre à la colère des gilets jaunes. Nos éditorialistes ont livré leur analyse de son intervention.

Emmanuel Macron s'est exprimé ce mardi en fin de matinée alors que la contestation des gilets jaunes agite toujours le pays, s'inscrivant dans la durée. Tandis qu'il participait à l'installation du Haut conseil pour le climat, le chef de l'Etat a pris la parole, annonçant de nouvelles mesures d'accompagnement, "une grande concertation" et tentant de tirer de cette séquence difficile pour l'exécutif des leçons personnelles. Nos éditorialistes ont jugé l'exercice. 

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> Ruth Elkrief: "Son vocabulaire m'a frappée"

Cette intervention suffira-t-elle à désamorcer la crise? Sûrement pas, selon Ruth Elkrief, qui note cependant une nette inflexion présidentielle: 

"Il l’a dit lui-même à la fin: ‘Tout ceux qui pensent qu’un seul discours ou une seule mesure suffira à achever cette crise se trompent. Mais son vocabulaire m’a frappée. Il a dit: ‘Le titre de cette conférence, ce sont des mots abstraits’. Il a pris conscience que le langage était important. Il a répété mille et une fois: ‘Nos concitoyens’. Il veut vivre avec les Français. Enfin, il se met à leur niveau. Et puis, il dit: ‘Chaque citoyen français est nécessaire à la vie en commun’. Il a donc aussi évoqué cette idée d’écologie populaire donc, il veut essayer de garder le cap et de concilier à la fois la transition écologique et la lutte contre les inégalités sociales.
Il y a deux mesures concrètes. Le lancement de la concertation dans les territoires pendant trois mois et l’idée qu’on va réviser la taxe carbone en fonction du prix des carburants. C’est la mesure qui s’adresse aux gilets jaunes et si elle est traduite, il faut voir si elle est suffisante ou pas. Pour le reste, ce sont des grands principes, mais il a voulu montrer qu’il avait pris conscience de cette déconnexion, de ce décalage. Il y avait à la fin un mea culpa en longueur."

> Bruno Jeudy: "C'est un discours d'ouverture" 

Mais c'est également la réception du discours présidentielle par les gilets jaunes qui importe. Bruno Jeudy a estimé:

"La réaction des gilets jaunes diffère selon les endroits. Globalement, ce discours, qui reste sur les grands principes, est un discours d’ouverture. Emmanuel Macron ouvre assez large le spectre de la discussion et fait même une fois de plus amende honorable, par exemple: ‘Nous n’avons pas réussi dans la méthode’. Il promet une concertation de trois mois avec des solutions concrètes et pragmatiques et dit même qu’il est prêt à revoir la stratégie budgétaire du gouvernement à l’issue de ces trois mois, s’il faut aller plus loin dans des solutions concrètes.
Il n’est en revanche pas très précis et il faudra sans doute réexpliquer à nouveau ce mécanisme de régulation du prix du carburant parce que le président est resté assez en hauteur sur cette question."

Robin Verner