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Depuis le début de la crise sanitaire, la majorité présidentielle face à son 3e couac à l'Assemblée

Le ministre de la Santé Olivier Véran à la tribune de l'Assemblée nationale, le 3 janvier 2022

Le ministre de la Santé Olivier Véran à la tribune de l'Assemblée nationale, le 3 janvier 2022 - STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP

Lundi soir, mise en minorité, la majorité LaREM à l'Assemblée Nationale n'a pu faire adopter le projet de loi transformant le pass sanitaire en pass vaccinal. Un nouveau camouflet infligé par les oppositions.

Et de trois. Dans la nuit de lundi à mardi, les députés de l'opposition à l'Assemblée nationale ont à nouveau réussi à mettre en minorité les députés LaREM et apparentés, forts habituellement de 347 élus dans une chambre qui en compte 577. Depuis le début de la crise sanitaire, c'est la troisième fois qu'un tel scénario se produit, causé par un absentéisme des députés LaREM face à un front uni mené par les oppositions, allant des Républicains à la France Insoumise. BFMTV.com revient sur ces trois camouflets parlementaires depuis l'apparition de la pandémie.

· 3 novembre 2020: échec sur la prolongation de l'état d'urgence sanitaire

"C'est ça la réalité mesdames et messieurs les députés, si vous ne voulez pas l'entendre, sortez d'ici! Elle est là la réalité de nos hôpitaux", s'époumonait le ministre de la Santé Olivier Véran à l'intention des partis d'opposition dans l'hémicycle, le 3 novembre 2020.

La raison de sa colère? Le vote par l'Assemblée nationale, durant la soirée du 3 novembre, d'une prolongation de l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 14 décembre 2020, contre la date du 16 février 2021 qui avait été retenue par le gouvernement.

Les députés de la majorité, trop peu nombreux sur les bancs de l'Assemblée dans la soirée, n'avaient pas réussi à s'opposer à un amendement émanant du groupe Les Républicains qui entendait faire un point d'étape sur la situation avant les fêtes de Noël.

Pour le député UDI Pascal Brindeau, il n'était pas question de mettre la vie démocratique "sous cloche" si longtemps. "La majorité est incapable d'être rassemblée sur un texte sur l'urgence à 21 heures", avait tancé le député LR Philippe Gosselin.

Le lendemain, la date du 16 février avait finalement été rétablie par les députés de la majorité.

· 11 mai 2021: le MoDem lâche le gouvernement sur le pass sanitaire

"C'est bizarre hein?", avait réagi à l'issue du vote le Vice-président de l'Assemblée nationale Marc Le Fur. Le 11 mai 2021, l'Assemblée nationale votait contre la mise en place du pass sanitaire, à la surprise générale.

Intégré dans le projet de loi sur la sortie de l'urgence sanitaire, l'article 1er, qui contenait la création d'un pass sanitaire, avait été rejeté à 108 voix contre et 103 pour.

Cette fois, les députés de la majorité étaient en nombre suffisant dans l'hémicycle. Mais c'est le MoDem, membre de la majorité présidentielle, qui avait décidé de protester contre le "flou" de l'article en s'y opposant.

"Il n'y a pas eu de dialogue et d'écoute" sur "les lignes rouges" du texte au sein de la majorité avait expliqué Philippe Latombe, député MoDem. L'article sera finalement adopté dans la nuit suivante.

· 3 janvier 2022: suspension des débats sur le pass vaccinal

Dernier événement en date ce lundi soir. Alors qu'Olivier Véran demande à ce que les débats concernant le projet de loi sur le pass vaccinal se poursuivent après minuit, plusieurs députés de l'opposition entrent dans l'hémicycle.

Résultat, le vote à main levée débouche sur la suspension de la séance, face à un front uni mené par les oppositions de tous bords.

Cette fois encore, les députés LaREM n'étaient pas assez nombreux sur les bancs du Palais Bourbon. L'opposition a justifié ce report par la "désinvolture" de la majorité, comme l'a expliqué sur Twitter le député Les Républicains Robin Reda.

Cet après-midi, au lendemain de l'incident, Jean Castex n'a pas hésité à charger les députés de l'opposition. "Le virus galope et vous tirez sur le frein à main", a ainsi tancé Jean Castex. Christophe Castaner, chef de file des députés LaREM à l'Assemblée, à de son côté déclaré qu'il s'agissait "d'un coup politique organisé par les minorités à l'Assemblée", qualifiant le couac de "pas très grave". Les débats reprendront ce mardi soir.

Jules Fresard