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Benoît Hamon relance la polémique sur la ligne du PS

Benoît Hamon sent une rose, le symbole du PS. En s'opposant à la politique du gouvernement, il semble humer les aspirations de sa famille politique

Benoît Hamon sent une rose, le symbole du PS. En s'opposant à la politique du gouvernement, il semble humer les aspirations de sa famille politique - Jeff Pachoud - AFP

Les critiques de Benoît Hamon contre la politique du gouvernement, ajoutées à celle de Martine Aubry, sont réaffirmées au moment même où Manuel Valls confirme son orientation politique, au risque de scinder le Parti socialiste en deux.

"Une limite a été franchie" par Benoît Hamon. Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, a violemment réagi, mercredi matin sur BFMTV, aux propos de l’ancien ministre de l’Education. Benoît Hamon avait estimé un peu plus tôt que la "politique du gouvernement menace la République". "Si c'est ça, qu'il quitte le parti socialiste", a conclu Stéphane Le Foll.

Certes, mais ce n'est pas si simple. Tout d'abord Benoît Hamon n’a pas tardé à lui répondre: "Non, je ne quitterai pas le PS", a-t-il assuré sur France Info, dénonçant un "raccourci" après ses propos. Mieux, "je pense que oui, il doit rester au PS", a de son côté assuré le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, excluant, de fait, un départ contraint. 

D'ailleurs entre-temps Stéphane Le Foll avait lui tempéré ses propos lors du point presse post-Conseil des ministres: "Il y a des questions qui doivent se poser mais elles se posent à lui, ce n'est pas moi qui demande. Je n'ai pas l'intention de demander à quiconque ni de démissionner, ni de rentrer". Il faut dire que l'heure n'est plus aux exclusions politiques ou idéologiques. 

Mais en creux, à travers Benoît Hamon, se pose la question d’un départ des voix dissonantes. Une option peu probable et peu souhaitable pour le gouvernement. Sa majorité n'y survivrait pas, alors que 39 députés socialistes se sont abstenus lors du vote du volet recettes du budget 2015.

Hamon et Aubry pour le débat, Valls confirme sa voie

En attendant chacun campe sur ses positions. Manuel Valls réaffirme franchement sa ligne politique face aux critiques de Martine Aubry, de Benoît Hamon et des "frondeurs", dans un entretien à paraître dans L’Obs jeudi. Et ne semble pas s’inquiéter d’accentuer les clivages à gauche. Mieux, le Premier ministre fustige une gauche "passéiste" et "sectaire", défend un idéal "pragmatique" et propose, preuve que la question de rebattre les cartes à gauche se pose, la création d’un large parti de "toutes les forces progressistes".

De son côté, Martine Aubry en fin de semaine dernière a ouvert la porte "à la désolidarisation", selon le politologue Gérard Grunberg, et aux critiques contre la politique économique menée par le gouvernement. "Aujourd'hui il y a un débat qui va bien au-delà du PS, il existe dans la société", imagine, avec hauteur, Benoît Hamon. Ainsi, Martine Aubry ne reste pas la seule porte-voix des mécontents et des incitateurs à débattre ouvertement.

La perspective du Congrès et... de 2017

En ligne de mire pour les "deux camps", "c'est le congrès (prévu sans plus de précision pour 2015) qui agite toutes ces personnes. Quand on voit ces réactions, il faut que les militants tranchent ces choses-là", s’emporte sur BFMTV le député socialiste Patrick Mennucci. Et que chacun fasse connaître sa position. Sur twitter, des députés PS ont appelé à cesser les attaques frontales et demandé #ViteLeCongrèsPS.

D’autant que Benoît Hamon qui a occupé le poste de porte-parole du PS lorsque Martine Aubry était présidente entre 2008 et 2012 sait que "l’influence au sein du parti est primordiale si on veut compter dans l’avenir", comme le rappelle le politologue Eddy Fougier à BFMTV.com. Benoît Hamon "pense avoir un grand destin" au PS, s'amuse Jean-Christophe Cambadélis. Et l’avenir c’est, outre le Congrès, le programme que défendra le candidat socialiste en 2017. L’enjeu est de taille.

Samuel Auffray