Bayrou et Sarnez, le solide duo MoDem du gouvernement

François Bayrou et Marielle de Sarnez - ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
"Marielle compte plus pour moi que vous tous réunis." C'est ainsi que François Bayrou répondait aux responsables de l'UDF qui osaient attaquer Marielle de Sarnez, que le garde des Sceaux désigne comme "son alter ego". Le tandem, aujourd'hui entré au gouvernement mais menacé par l'affaire des assistants parlementaires du MoDem, s'est formé en 1978, dans l'UDF de Valéry Giscard d'Estaing. La ministre des Affaires européennes, conseillère de François Bayrou lorsqu'il occupait le ministère de l'Éducation nationale rue de Grenelle, forme avec lui une bulle à la tête du parti centriste.
Ultra-centralisation
"lls se sont coupés de tout le monde, y compris de ceux qui loyalement avaient envie de l'aider et qui ne revendiquaient rien", expliquait au Monde le fondateur du Nouveau Centre Hervé Morin.
"Ils monopolisaient tout, de la ligne politique aux comptes du parti... auxquels je n'ai jamais pu avoir accès malgré mes demandes répétées", se souvient dans Le Parisien Jean-Luc Bennahmias, du Front démocrate. Une centralisation extrême du pouvoir à la source de nombreux départs, et qui vaut à François Bayrou cette sentence d'Alain Minc: "C'est Le Cid à l'envers. Il est parti avec une armée, l'UDF, il finit seul."
"L'UDF, c'était la monarchie tempérée par l'anarchie. Il ne fallait pas s'opposer aux arbitrages du président. François Bayrou est un berger qui a trop longtemps vécu avec des moutons", s'emportait en 2009 Jean-Louis Bourlanges, désormais candidat aux élections législatives sous l'étiquette En Marche.
Sarnez, la "bad cop"
Plus libérale et européiste, longtemps organisatrice dans l'ombre du stratège Bayrou, Marielle de Sarnez est entrée dans la lumière en tant que vice-présidente du MoDem. "Elle a un côté autoritaire. Centralisatrice au possible, humiliante en public, elle n'a rien de la rondeur de François Bayrou", tranche un élu centriste. Un proche nuance:
"Elle assume ce rôle de bad cop (méchant flic, NDLR), car c'est une façon de préserver François. Et contrairement à ce que beaucoup croient, elle lui apporte aussi de la sagesse, apaise souvent son côté sanguin, gascon."
Les décisions stratégiques qui ont engagé l'avenir de leurs formations politiques - ne pas s'allier à l'UMP en 2002, création du MoDem en 2007, soutien à François Hollande en 2012 - ne sont prises que par le duo. Avec un bilan électoral pour le moins mitigé pour les disciples du "deux Français sur trois" de Valéry Giscard d'Estaing: trois éliminations au premier tour de l'élection présidentielle, trois députés MoDem en 2007 et deux en 2012.
Agacement présidentiel
Revenu sur le devant de la scène grâce à son ralliement à Emmanuel Macron, le couple politique se comporte "comme s'ils étaient une enclave MoDem au sein du gouvernement", s'agace un responsable de La République en marche. Lors des investitures pour les élections législatives, l'absence de Marielle de Sarnez de la liste initiale des candidats soutenus par le mouvement présidentiel a été perçu comme un casus belli.
La tendance des deux centristes à "jouer perso" agacerait de plus en plus Emmanuel Macron. Si le cas François Bayrou devenait ingérable au gouvernement, il est peu probable que le président de la République, qui n'aura "aucun scrupule" pour congédier François Bayrou, s'encombre de Marielle de Sarnez. Le duo pourrait se consoler à la tête d'un groupe MoDem d'une cinquantaine de députés inédit à l'Assemblée, élus à la faveur de la vague macroniste.