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Acteur-clé de l'affaire Bygmalion, Franck Attal charge Nicolas Sarkozy

Franck Attal, exécutant du système de fausses factures, charge Nicolas Sarkozy.

Franck Attal, exécutant du système de fausses factures, charge Nicolas Sarkozy. - Florian David - AFP

Il a mis en oeuvre le système de double-facturation pour lequel Nicolas Sarkozy est mis en examen. Sur France 2, Franck Attal a frontalement mis en cause le candidat à la primaire de droite.

Il est la pierre angulaire du système Bygmalion. Directeur de la filiale événementielle de l'entreprise qui gérait les meetings de Nicolas Sarkozy en 2012, Franck Attal a témoigné pour la première fois devant les caméras de France 2 jeudi soir. Mis en examen pour "complicité de financement illégal de campagne électorale", l'auteur des fausses factures refuse de porter l'entière responsabilité des fautes commises et accuse l'ancien président et son équipe d'alors.

"Il m'a appelé une trentaine de fois"

Selon France 2, le nom de Franck Attal apparaît à 34 reprises dans les déclarations de Nicolas Sarkozy devant les policiers qui l'ont interrogé pendant sa garde-à-vue. Mais à chaque fois, l'ancien président évoque Franck Attal pour affirmer qu'il ne le connaît pas, et l'accuser de "mensonges". Problème: Nicolas Sarkozy ne peut ignorer qui est Franck Attal. Sur plusieurs images d'archives exhumées par France 2, on voit Nicolas Sarkozy monter sur scène lors de ses meetings, guidé par... Franck Attal. 

"On s’est croisé 45 fois sur des meetings, il m’a suivi 45 fois pas à pas pour retrouver son pupitre, il m’a appelé une trentaine de fois, mais en 2016 il ne me connaît pas?" s'interroge l'homme. 

S'ils se connaissaient, Franck Attal affirme en revanche que l'ex-président et lui n'ont jamais discuté face à face du système de fausses factures mis en place par Bygmalion pour couvrir l'explosion des frais de campagne de Nicolas Sarkozy. Mais pour l'homme d'affaires, le candidat à la primaire n'assume pas ses responsabilités. 

"Je me suis senti piégé"

Alors que les meetings de Nicolas Sarkozy se multiplient, toujours plus grands et et toujours plus impressionnants, les dépenses se multiplient pour la société qui les organise, Bygmalion. "Il faut qu’on voie l’effervescence que produit notre candidat, bah ça, ça représente un coût" résume Franck Attal. Drapeaux, musique, images, lumières: des sommes faramineuses sont engagées pour promouvoir la candidature de Nicolas Sarkozy à l'Elysée. Jusqu'au point de rupture.

C'est alors Jérôme Lavrilleux qui prend les choses en main. Directeur-adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy, mis en examen dans l'affaire Bygmalion, Jérôme Lavrilleux a toujours reconnu sa participation dans le maquillage des comptes de campagne. Franck Attal raconte désormais le dialogue qui a mené au montage incriminé:

 - Jérôme Lavrilleux: Ecoute, on a un sujet, on a dépensé beaucoup d’argent, on a fait beaucoup plus de meetings que prévu et on a un plafond dans les comptes de campagne qui va être très vite atteint et donc on va pas pouvoir continuer comme ça
- Franck Attal: Et donc? On arrête les meetings? 
- JL: Non, non. On va pas arrêter, on continue, c'est important. Donc vous allez déplacer la facturation. 
- FA: C'est-à-dire 'déplacer' ?
- JL: Bah vous nous livrez des meetings dans les formats habituels, et y aura une partie de la facturation liée au meeting que vous allez facturer à l’UMP et du coup ça nous permettra de tenir la ligne des comptes de campagne.

L'affaire Bygmalion est née. Pourtant, Franck Attal flaire le danger. "Je réalise que la demande est folle et grave. J'ai une sensation qui me dit 't'es piégé'" se souvient l'homme qui répond toutefois aux demandes de Jérôme Lavrilleux. 

18 millions d'euros

En tout, les fausses factures représentent 18 millions d'euros de dépenses causées par la campagne de Nicolas Sarkozy. Un argent qui, l'assure Franck Attal, est intégralement passé dans la campagne, et n'a personnellement enrichi personne. Aujourd'hui, l'homme d'affaires accepte sa responsabilité dans le montage, mais regrette de porter seul la culpabilité du système Bygmalion. 

"La vérité, ce n’est pas une vérité qui m’innocente. (...) Oui, j’ai continué à livrer des meetings en étant au courant qu’au niveau des facturations les choses ne se faisaient pas de manière académique. Et il aurait été noble que des gens qui prétendent aux plus hautes fonctions de l’Etat aient au moins le même comportement que le mien" assène Franck Attal.
Paul Aveline