Tirs à "Libération" et à la Défense: le suspect reste introuvable

L'avis de recherche diffusé le 18 novembre par les enquêteurs. - -
Il est devenu l'homme le plus recherché de France. Celui que l'on soupçonne d'avoir grièvement blessé lundi un assistant photographe au siège de Libération à Paris restait introuvable mardi matin, malgré l'appel à témoins lancé par les enquêteurs. Qualifié de "véritable danger" par le ministre de l'Intérieur, cet homme âgé de 35 à 45 ans, de type européen, a jusqu'ici réussi à passer entre les mailles du filet des enquêteurs de la brigade criminelle.
"Arrêter celui qui a tenté de tuer et qui peut tuer encore": le président François Hollande en a fait une priorité. Manuel Valls a, lui, promis de "tout faire" pour interpeller cet homme. Le ministre de l'Intérieur a cependant reconnu qu'il y avait "évidemment un sentiment d'inquiétude". "Tant qu'il n'a pas été interpellé, nous savons qu'il peut agir".
Selon l'appel à témoin diffusé par la police judiciaire, l'homme aux cheveux poivre et sel mesure entre 1m70 à 1m80. Sur les dernières images captées par la vidéosurveillance, il porte une barbe de deux ou trois jours et des lunettes. Des témoins décrivent un homme "calme et déterminé", qui "sait très bien ce qu'il fait".
Le "film" de la journée
Retour sur les faits. La traque débute lundi en milieu de matinée quand le tireur blesse grièvement un assistant photographe de 27 ans dans le hall du quotidien Libération, avant de tirer une heure et demie plus tard sur une banque du quartier de La Défense, sans faire de blessé. Peu après cette fusillade, il prend en otage un homme de 65 ans au volant de sa Twingo, le contraignant à l'emmener jusqu'aux Champs-Elysées où il se fait déposer. Depuis, l'homme est "terrorisé", selon les enquêteurs.
Malgré le survol de la zone par un hélicoptère de la sécurité civile et l'intensification des patrouilles dans cette zone très fréquentée, les enquêteurs perdent sa trace. Sur la base notamment des images de vidéosurveillance, les enquêteurs sont persuadés d'avoir affaire au même homme qui a menacé vendredi un rédacteur en chef de BFMTV au siège de la chaîne d'information en continu. L'homme, armé d'un fusil à pompe, avait menacé ce journaliste, Philippe Antoine, et lui avait lancé: "La prochaine fois, je ne vous louperai pas".
César, touché par une balle dans le hall de Libération, est toujours dans un état grave. Touché au thorax et l'abdomen, il est hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière. Lundi soir, son pronostic vital était toujours engagé, même si la direction de la rédaction du quotidien estimait qu'il "avait été opéré et que les médecins étaient plus optimistes".
Appel à témoins: plusieurs centaines de coups de fil
Après avoir fait un point avec les enquêteurs du 36 quai des Orfèvres lundi soir, Manuel Valls a placé ses espoirs dans l'appel à témoins.Les hommes de la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne ont déjà reçu "plusieurs centaines d'appels" depuis.
"Il faut évidemment vérifier, et cela prend du temps, mais cela nous permet d'avancer", a-t-elle assuré. Outre ces éléments "à filtrer", selon cette source, les limiers de la criminelle possèdent également de nombreuses photos du tireur extraites des images de nombreuses caméras de vidéosurveillance, "et d'autres éléments matériels dont on ne peut pas parler".
"On accumule pas mal de choses. Mais il faut savoir être patient, surtout dans une affaire comme celle-ci. On reste confiant, et on pense tout de même pouvoir aller assez vite", a résumé la source. Les enquêteurs exploitent notamment le témoignage de l'automobiliste qui a été pris en otage pendant près de 20 minutes. Le tireur, qui semble agir seul, a prouvé sa dangerosité. Il peut tuer. Il l'a d'ailleurs confié à son otage: il sortirait de prison, et il est "prêt à tout".