"Je n'ai pas honte": la lettre confession de Salah Abdeslam

Salah Abdeslam dit ne pas avoir honte. - AFP
Des mots couchés sur un papier qui ont mérité d'être versés au dossier d'instruction tant ils sont rares. Salah Abdeslam, unique survivant des commandos jihadistes des attentats du 13-Novembre, s'est exprimé pour la première fois. Il n'a rien dit au juge, comme à son habitude depuis son incarcération en France, mais à une femme à qui il a envoyé un courrier en réponse aux multiples missives qu'elle lui a fait parvenir dans sa cellule.
D'une écriture petite et régulière, comme le décrit Libération qui publie cette lettre, Salah Abdeslam parle de son isolement à la prison de Fleury-Mérogis.
"Je t’écris sans savoir par ou commencé, j’ai reçu l’ensemble de tes lettres et ne pourrais te dire qu’elle me font plaisir ou non, ce qui est sur c’est qu’elle me permette de passé quelque temps avec le monde extérieur", écrit, avec quelques fautes d'orthographe, le Français.
"Je n'ai pas honte"
Emprisonné en France depuis le mois d'avril dernier, Salah Abdeslam a été auditionné à trois reprises par un juge d'instruction. A chaque fois, il a fait valoir son droit au silence. Face à ce mutisme, ses avocats, le Français Frank Berton et le Belge Sven Mary, ont renoncé à assurer sa défense en octobre. C'est à cette époque que le terroriste présumé est sorti de son silence, confortant l'idée qu'il a choisi de ne pas expliquer ses actes.
"D’abord, je n’ai pas peur de faire sortir quelque chose de moi car je n’ai pas honte de ce que je suis et puis qu’est-ce qu’on pourrai dire de pire que ce qui ce dit déjà", poursuit-il.
Salah Abdeslam s'interroge ensuite sur la volonté de sa lectrice de vouloir correspondre avec lui et rappelle sa foi et sa soumission à la religion. "Tu es sincère alors je vais l’être aussi, si je te demande les intentions de ta démarche c’est pour m’assuré que tu ne m’aime pas comme si j’étais une 'star ou une idole' parce que je reçois des courriers comme ca et je ne cautionne pas cela car le seul qui mérite d’être adorer c’est Allah, Seigneur de l’univers."
Soumission
Me Frank Berton l'avait décrit en octobre dernier comme "radicalisé à l'extrême". Un fanatisme dont il ne se cache pas et dont il fait le prosélytisme. "Je ne cherche ni à m’élevé sur terre ni a commettre le désordre, je ne veux que la réforme, je suis musulman, c’est à dire soumis à Allah qui m’a créé et qui par sa grace ma harmonieusement faconné ainsi que toi et tous ceux qui existe, a partir de la pluie il nous donne toute sorte de fruit pour nous nourrir", lance-t-il.
"Est-tu soumise?, lui demande-t-il. Sinon Alors dépêche toi de te repentir et de soumettre à Lui n’écoute pas les gens mais plutôt les paroles de ton Seigneur. Il te guidera."
Salah Abdeslam reçoit beaucoup de courrier en prison. Des avocats souhaitant le représenter, des religieux qui s'interrogent sur sa foi, des journalistes qui veulent l'interroger, des femmes qui souhaitent porter son enfant... A l'isolement et filmé 24h/24, son courrier est lu par le personnel pénitentiaire. Alerté de l'existence de cette lettre, l'un des juges d'instruction du pôle antiterroriste en charge du dossier sur les attentats a versé le courrier au dossier considérant qu'il pouvait contribuer à la manifestation de la vérité.