"Taper très fort dès les premiers faits": Gérald Darmanin propose une "révolution pénale" pour lutter contre la récidive

Le ministre de la Justice Gérald Darmanin défend une réforme du système judiciaire, qu'il qualifie de "révolution pénale", ce jeudi 12 juin sur RMC-BFMTV, alors que les violences des mineurs font actuellement l'objet de débats, notamment après le meurtre d'une surveillante à Nogent.
Parmi les changements proposés, le garde des Sceaux a évoqué la mise en place de peines minimales, la suppression du sursis, remplacé par une peine de probation, le développement du recours aux jours-amendes ou encore la différentiation du type d'incarcération selon la dangerosité des détenus.
Le ministre avait indiqué mercredi que le but est de présenter au chef de l'État et au Premier ministre, d'ici "à la fin du mois de juillet", un projet de loi "global et cohérent" qu'il souhaiterait faire examiner par le Parlement "le plus rapidement possible".
L'ancien procureur François Molins a réagi mercredi sur RMC-BFMTV aux propositions émises par Gérald Darmanin, évoquant une "intention louable", de "simplification" et de "modernisation" des peines, mais a déploré une "sorte de course à la surenchère pénale et sécuritaire".
Instaurer une "peine minimale"
Revenant sur sa proposition de "peine minimale", le ministre suggère sur notre antenne: "il y a une peine maximale dans le Code pénal, on est condamné jusqu'à 5 ans de prison et 75.000 euros d'amende, il n'est pas anormal d'avoir une peine minimale. Et entre la peine minimale et la peine maximale, le magistrat sera libre d'individualiser la peine".
L'objectif, pour Gérald Darmanin, est de lutter contre la récidive, alors que le taux de réitération observé dans les 5 années suivant la première condamnation est supérieur de 50% chez les mineurs délinquants.
"Au lieu d'être très dur avec des gens qui sont multirécidivistes, et les envoyer en prison quand on les connaît une fois, 10 fois, 15 fois, il faut être très dur au premier fait", appelle le ministre.
"Les gens qui sont délinquants criminels importants ont commencé par des petits faits et comme on ne les a pas arrêtés (...), ils ont eu de mauvaises fréquentations, commis des faits un peu plus graves, puis un peu plus graves. Et quand ils sont très récidivistes, là on les condamne et on les envoie en prison. Ils font quelques années de prison, ils sortent et qu'est-ce qu'ils font? Ils récidivent parce qu'ils sont désocialisés", déplore le ministre.
Des peines de 15 jours, 3 semaines
Le garde des Sceaux explique que cette peine minimale pourrait être mise en place "dans les infractions comme les rodéos urbains, les vols de véhicule, les vols de portefeuille, les agressions physiques, les ports d'arme".
"Ce n'est pas forcément et systématiquement la prison, mais ça peut être aussi la prison, avec des peines de 15 jours, 3 semaines" ce qui est "aujourd'hui interdit par notre Code pénal", dit-il.
"Si on est condamné en France à 6 mois de prison, on doit aller 6 mois en prison", soutient-il encore.
Gérald Darmanin reconnaît que les peines de prison avec sursis sont prononcées notamment en lien avec la surpopulation carcérale, "il y a 82.000 détenus pour 60.000 places, c'est scandaleux", dit-il.
Mais il estime que ce n'est pas la solution. "Une grande partie de la surpopulation est due aux peines plus importantes que prononcent les magistrats. Il y a le même nombre de gens qui rentrent chaque année en prison depuis mon année de naissance, 1982, mais il y a beaucoup plus de gens qui restent plus longtemps en prison", soutient le garde des Sceaux.
Plus de sévérité pour les attaques aux personnes
Le ministre appelle par ailleurs à plus de sévérité avec ceux qui "s'attaquent aux personnes" plutôt que ceux qui s'attaquent aux biens. " Je propose de modifier la loi pour que toute personne qui attaque une autre personne, et encore plus, quand on s'attaque à un policier, un médecin, on aille en prison, même quelques semaines", dit Gérald Darmanin.
"L'aménagement obligatoire de peine quand on fait moins d'un an de prison ne fonctionne pas du tout", avait déjà déploré mercredi Gérald Darmanin, devant la presse.
"C'est un message laxiste donné: 'Je suis condamné à un an de prison. Je n'en fais pas'. C'est un non-sens", avait-il estimé.