"Tout n'a pas été fait": Gérald Darmanin déplore des "dysfonctionnements" après la mort d'Elias tué pour son téléphone à Paris

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, déclare sur BFMTV-RMC ce jeudi 12 juin que "tout n'a pas été fait" pour éviter la mort d'Élias, un adolescent de 14 ans mortellement poignardé par deux mineurs qui voulaient lui voler son téléphone à Paris en janvier.
"Tout n'a pas été fait pour que notre code des mineurs, notre code pénal, notre fonctionnement de la justice et de la police puissent garantir la sécurité la plus importante -elle n'est jamais totale- à tous les parents de France", a déclaré le garde des Sceaux en réponse à la mère de la victime invitée sur notre chaîne deux jours auparavant.
Stéphanie, la mère d'Elias, avait déclaré sur notre plateau ce mardi 10 juin "ne pas être rongée par la haine" mais "vouloir des réponses, des explications".
"Dysfonctionnements"
Celui qui se projette à l'Élysée en 2027 évoque ainsi des "dysfonctionnements". Notamment "un" dont il se dit "beaucoup choqué". "Ces deux assassins potentiels, ces deux gamins qui étaient déjà très connus des services de police n'avaient pas le droit de se rencontrer", rappelle Gérald Darmanin. "C'était la mesure d'assistance éducative qui était prononcée".
L'un d'entre eux avait fait l’objet d’une mesure éducative judiciaire en décembre 2023 pour des faits de vols et extorsion. Ils avaient tous les deux été présentés à la justice le 30 octobre 2024 pour des faits de vols commis avec violence. Leur procès devait se tenir en juin 2025. Ils avaient interdiction de rentrer en contact l'un avec l'autre, mais habitaient à une dizaine de mètres l'un de l'autre.
"Si un policier les avait rencontrés avant qu'ils ne rencontrent Élias, il ne se serait rien passé", constate-t-il tout en mettant le doigt sur deux autres "dysfonctionnements".
"La mesure prononcée par la justice" n'était pas inscrite au "fichier des personnes recherchées", explique-t-il. "Quand bien même, il y aurait eu un contrôle, il n'est pas certain que les policiers ou les gendarmes auraient constaté qu'ils violaient leur mesure d'assistance éducative."
De plus, si la violation de la mesure est constatée, "il n'y a pas de sanction qui est prévue aujourd'hui dans le code des mineurs". "Il n'y a pas de conséquence quand on viole cette autorité", déplore-t-il.
"L'État doit se remettre en cause"
Pour l'ancien ministre de l'Intérieur, "l'État doit se remettre en cause". Il rappelle ainsi être en faveur "de peines minimales, même pour les mineurs" car dans le cas de la mort d'Élias, les deux suspects ont été "connus douze et six fois avant d'être jugés". "Une peine minimale aurait été intéressante pour l'éducation, parce que la répression est aussi une forme d'éducation", estime l'ex-édile de Tourcoing.
Gérald Darmanin pointe aussi du doigt un "manque de moyens", notamment un manque de juges pour enfants. Comme à "son arrivée place Vendôme", il affirme vouloir augmenter de "50", une deuxième fois, le nombre de juges pour enfants.
Sur BFMTV-RMC, la mère d'Élias avait estimé ce mardi 10 juin que le "manque de moyens" avait primé sur le "manque de lucidité". "On ne peut pas se moquer de nous, on ne peut pas dire 'on n'a pas les moyens'. Tout le monde a les moyens de prendre une carte et de vérifier que la mesure qu'on a déjà prise une fois n'a pas marché", avait-elle insisté.
Les deux adolescents, accusés d'avoir tué Elias à la sortie d'un entraînement de football dans le 14e arrondissement le 24 janvier dernier, ont été mis en examen et placés en détention provisoire pour "extorsion avec violences ayant entraîné la mort et violences volontaires sur mineur de quinze ans sans incapacité".