Meurtre d'Alexia: le lourd silence des enquêteurs

La procureure de la République de Besançon lors d'une conférence de presse. - AFP
Il y a dix jours, l'avocat des parents et de la soeur d'Alexia Daval assuraient croire à un dénouement rapide de l'enquête sur la mort de cette jeune femme de 29 ans partie faire un jogging et retrouvée morte deux jours plus tard. "Je n’ai pas de boule de cristal et je le regrette mais je pense, je dis ça par expérience ou comparaison avec d’autres dossiers, qu’on va arriver à des résultats rapides", assurait Jean-Marc Florand. C'était le 6 octobre, or, à ce jour, aucun suspect n'a encore été interpellé. Et les enquêteurs ne communiquent que peu d'informations.
Six jours après la découverte du corps, en partie calciné, d'Alexia Daval dans le bois de la Vaivre à Esmoulins, en Haute-Saône, des informations avaient fuité révélant que la jeune femme avait été tuée par strangulation. Des fuites qui ont provoqué la colère de la justice. Quelques jours plus tard, la procureure de la République de Besançon faisait une rapide mise au point. "S’il est avéré qu’elle a subi violences physiques, les causes de sa mort ne sont pas établies", pointait Edwige Roux-Morizot.
Et d'ajouter intransigeante: "Le plus bel hommage que l'on pourrait rendre à la mémoire d'Alexia Daval serait de laisser les enquêteurs et la justice travailler dans la plus grande des sérénités afin de ne pas obérer les suites de l’enquête et permettre d’interpeller le ou les auteurs de ce crime odieux."
Faire taire les rumeurs
Ce 6 octobre, la magistrate indiquait que des analyses complémentaires étaient toujours en cours pour déterminer les causes certaines de la mort d'Alexia Daval. Depuis, silence radio. Ces examens ont-ils été concluants? Ont-ils aiguillé les enquêteurs vers une hypothèse? Ont-ils permis de déterminer où et quand la joggeuse de 29 ans a été tuée? L'examen du bol alimentaire pourrait permettre de déterminer un créneau horaire pour le décès de la jeune femme, en analysant l'état de digestion du dernier repas pris. Sa disparition avait été signalée à 12h25 par son mari, soit trois heures après qu'elle est supposée avoir quitté son domicile.
Pour les enquêteurs, il n'est pas question d'agir dans l'urgence. Mais des rumeurs circulent depuis quelques jours sur le mari d'Alexia Daval. De manière classique, les gendarmes ont commencé par s'intéresser à l'entourage de la joggeuse. Surtout que Jonathan Daval est la dernière personne a avoir vu son épouse vivante. Le témoignage d'une voisine assurant avoir vu la jeune femme le matin de sa disparition est de plus en plus fragile, précise Le Parisien. Mais pour l'avocat du mari de la joggeuse, si son interpellation a été "d'actualité", il réaffirme qu'une possible culpabilité repose sur "des rumeurs".
"Je pense qu'une communication très claire sur les causes du décès d'Alexia serait de nature à mettre un frein à ces rumeurs qui deviennent toxiques et désagréables", appelle Me Randall Schwerdorffer.
Des familles en attente d'informations
Ce jeudi, Jonathann Daval s'est constitué partie civile dans cette affaire. Une démarche classique dans ce genre d'affaire criminelle qui va lui permettre, ainsi qu'à son avocat, d'avoir accès au dossier. "Ce qui est pesant c’est de rester dans l’incertitude des circonstances exactes du décès de sa campagne et également dans l’incertitude quant à l’identité du coupable", insiste Me Jérôme Pichoff, second avocat de Jonathann Daval, qui confirme que son confrère ira consulter le dossier dès vendredi.
"A ce stade, les seules informations dont il dispose, ce sont celles qui ont été communiquées de manière publiques", poursuit-il.
Tout comme lui, les parents d'Alexia et sa soeur souhaiteraient désormais être reçus par le juge d'instruction en charge de l'enquête pour connaître l'avancée des investigations. "A ce stade de l’enquête, la famille a besoin de savoir quand, où et selon quel mode opératoire Alexia a été assassinée. À quand remonte précisément son décès. Si elle a subi ou non des violences sexuelles. Quels éléments précis l’autopsie a pu révéler en l’état", affirme Me Jean-Marc Florand.