L'enquête autour de l'affaire Fillon élargie à des faits d' "escroquerie aggravée, faux et usage de faux"

François Fillon et son épouse Penelope lors d'un meeting le 29 janvier 2017 à Paris. - Eric Feferberg - AFP
Le 16 mars dernier, le Parquet national financier (PNF) a délivré un réquisitoire supplétif pour "escroquerie aggravée, faux et usage de faux" aux trois juges chargés d'instruire l'affaire Fillon, selon les informations du Monde, confirmées par l'AFP. Il s'agit donc d'un élargissement aux énoncés cités d'une enquête qui couvrait jusqu'ici les chefs suivants: détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, complicité et recel de ces délits, trafic d’influence et manquement aux obligations déclaratives.
Des feuilles de calculs rédigées après-coup?
Cet élargissement est intervenu après une découverte faite lors d'une perquisition opérée par les enquêteurs au Palais-Bourbon, courant mars. Ils se sont en effet retrouvés en possession de divers documents. Ceux-ci étaient en fait des feuilles de calculs d'heures travaillées, signées par Penelope Fillon. Pour le moment, le destinataire de ses feuilles n'est pas connu. En tous cas, les enquêteurs cherchent à savoir si ces documents n'ont pas été établis a posteriori pour justifier les revenus perçus par l'épouse du candidat de la droite et du centre au titre d'attachée parlementaire.
Depuis les premières révélations du Canard enchaîné, l'emploi d'assistante parlementaire de Penelope Fillon et le travail qui lui était attribué auprès de la Revue des deux mondes sont soupçonnés de n'avoir été que des chimères. Et les ennuis du couple ce mardi ne s'arrêtent pas là. Le Canard enchaîné, qui paraîtra ce mercredi, apporte un autre rebondissement à une affaire qui n'en manque pas.
Pas plus de 180 heures par mois tout compris
Le 28 mars prochain, les trois juges chargés de l'instruction de cette enquête recevront Penelope Fillon en vue d'une éventuelle mise en examen avec, sur leur bureau, un élément troublant. Récemment, les policiers ont étudié le dossier de l'épouse du candidat à l'élection présidentielle au service du personnel de l'Assemblée nationale, notamment en ce qui concerne sa dernière période d'activité présumée en tant qu'attachée parlementaire, entre le 1er juillet 2012 et le 30 novembre 2013.
A cette époque, Penelope Fillon est censée travailler à temps plein pour le Parlement, soit 151, 67 heures par mois. Officiellement, elle doit consacrer la même part de son planning à son autre temps plein: en tant que rédactrice pour la Revue des deux mondes. Mais c'est ici que le bât blesse car un emploi du temps aussi infernal (plus de 300 heures par mois) ne passe pas auprès du règlement du Palais-Bourbon qui limite les cumuls éventuels de ses employés à 180 heures par mois.
Une activité professionnelle invisible lors de la perquisition
Mais les Fillon vont échapper à cette difficulté en assurant à l'institution, via une déclaration, que son épouse ne travaillait pas plus d'une trentaine d'heures, mensuellement, pour la Revue des deux mondes. Le Palmipède le plus célèbre de la presse française remarque encore qu'elle y était cependant payée au titre d'un temps plein, c'est-à-dire là encore 151,67 heures par mois.
L'hebdomadaire note enfin que les juges disposent à présent du résultat de la perquisition du château de Beaucé dans la Sarthe, le 3 mars dernier. Les enquêteurs y ont constaté que les archives familiales y étaient conservées avec grand soin depuis des dizaines d'années. Pourtant, il n'y ont pas trouvé d'élément en lien avec une activité professionnelle de Penelope Fillon.