Gouvernement Bayrou: la nomination de Darmanin à la Justice inquiète des syndicats de la magistrature

Gérald Darmanin, le 24 septembre 2024 - Alain JOCARD / AFP
L’entrée de l’ancien ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, au ministère de la Justice au sein du gouverment de François Bayrou, inquiète les acteurs de la justice. L'actuel député du Nord forme ainsi un tandem avec Bruno Retailleau, reconduit au ministère de l’Intérieur. Un duo qui inquiète le syndicat de la magistrature.
"La nomination de Gérald Darmanin comme garde des Sceaux, conjuguée à la reconduction de Bruno Retailleau comme ministre de l’Intérieur, est le signe d'un alignement à venir des feuilles de route de ces deux ministères régaliens", commente le syndicat de la magistrature dans un communiqué diffusé à la presse ce mardi 24 décembre.
La crainte d'un "nouveau recul du respect de l'État de droit"
"Elle fait craindre un nouveau recul du respect de l’État de droit comme de l’indépendance de la Justice - recul auquel Gérald Darmanin a déjà largement contribué", poursuit le syndicat. Le nouveau locataire de la place Vendôme fut ministre de l’Intérieur sous Emmanuel Macron jusqu’à la dissolution de l’Assemblée nationale, en juin 2024.
"En tant que ministre de l'Intérieur, il a régulièrement mis en concurrence le respect des procédures et l'intérêt de l'État, laissant entendre que le droit était plus une entrave à l'action de l’exécutif, qu'un prérequis au service de la protection et de l'égalité de traitement des citoyens", rappelle le syndicat de la magistrature.
"Artisan de réformes catastrophiques pour la justice et son efficacité, il a par ailleurs mené des politiques de maintien de l'ordre qui ont durablement porté atteinte aux libertés publiques. Mais il a aussi démontré à maintes reprises qu’il n’avait cure de l’indépendance de la justice."
Ce lundi 23 décembre, déjà, Ludovic Friat, président de l’Union syndicale des magistrats, avait réagi sur BFMTV à la nomination de Gérald Darmanin à la Justice. "C'est un sujet d'inquiétude pour nous”. Le ministère de la Justice "n'a pas du tout la même culture et la même façon de fonctionner que le ministère de l'Intérieur", a-t-il notamment souligné.
Un tweet sur Marine Le pen exhumé
Dans son communiqué, le syndicat de la magistrature n’a pas manqué d’évoquer le commentaire de Gérald Darmanin et ses "critiques" des "décisions de justice qui lui déplaisaient". Après l’annonce de sa nomination à la tête du ministère de la Justice, un ancien tweet de Darmanin a été exhumé.
Le député du Nord avait commenté le 13 décembre la décision de justice après les réquisitions dans le procès des assistants parlementaires du RN, et le risque d'une peine d'inégibilité pour Marine Le Pen.
"Il serait profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible et, ainsi, ne puisse pas se présenter devant le suffrage des Français. Combattre Madame Le Pen se fait dans les urnes, pas ailleurs", avait écrit Gérald Darmanin.
Ce mardi 24 décembre, lors de la cérémonie de passation de pouvoir, Didier Migaud a rappelé à Gérald Darmanin qu'être garde des Sceaux, "c'est ne pas pouvoir s'exprimer publiquement". Il faut "garder pour soi ses opinions, ses réactions, ses émotions", a avancé encore l'ex-ministre de la Justice.