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Police-Justice

Gilets jaunes: vers une radicalisation du mouvement?

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- - CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Cinq jours après les premiers blocages, le bilan est déjà lourd: deux morts et 550 blessés. Alors que, sur le terrain, la mobilisation des gilets jaunes est en net recul, les autorités craignent la radicalisation de certains militants jusqu'au-boutistes. Une crainte justifiée?

Une mobilisation moindre, mais des militants plus violents: à l'approche d'une nouvelle grande manifestation samedi à Paris, les autorités craignent que les gilets jaunes encore sur le pont durcissent le ton. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a lâché le mot mercredi, dénonçant une "radicalisation", une "dérive totale d'une manifestation qui pour l'essentiel était bon enfant". 

Les chiffres semblent aller dans son sens. Le mouvement, lancé il y a seulement cinq jours, a déjà un bilan lourd à son actif, avec deux morts et quelque 550 blessés depuis samedi. A La Réunion, la révolte a pris une forme particulièrement violente, avec des émeutiers qui pillent les magasins et caillassent les forces de l'ordre, à tel point que les administrations ont dû fermer leurs portes et qu'un couvre-feu a été instauré.

Incidents, menaces

En métropole, le mouvement, qui veut dénoncer la hausse du prix du carburant et celle du coût de la vie, a aussi été entaché par plusieurs incidents à caractère raciste ou homophobe. Des députés de la majorité ont fait l'objet de menaces et intimidations autour de leurs permanences de la part de manifestants. 

Enfin, selon une note de la direction du renseignement de la préfecture de police datée de ce jeudi, environ 200 militants d'extrême droite et d'ultragauche auraient également prévu de se mêler, chacun de leur côté, aux manifestations de samedi à Paris. Ils auraient l'intention de faire "un coup médiatique" pour la fin de journée avec, au programme, des provocations envers la police et des dégradations de commerces. 

Pas de mouvance claire

Pour autant, le mouvement est-il en voie de se radicaliser et d'autres débordements sont-ils à prévoir? Pas si sûr, si l'on se fie à une note du renseignement territorial du 15 novembre, que BFMTV a pu consulter. Les services y évoquent un mouvement difficile à appréhender car très hétérogène, composé de profils disparates et dont aucune mouvance claire ne semble pour l'heure émerger. 

D'une part, des manifestants "bon enfant" là pour protester contre la vie chère; d'autre part, greffés à cette majorité pacifiste, des fauteurs de troubles, comme ceux qui ont commis des violences le week-end dernier, mais aussi des militants politiques, qu'ils soient d'extrême droite, comme dans le Pas-de-Calais, ou d'extrême gauche comme à Montpellier. Mais pour le moment, aucune de ces tendances ne prend le dessus sur les autres, conclut la note.

Dispositif de sécurité important

Une chose est sûre: dans le doute, un important dispositif de sécurité sera mis en place pour protéger les endroits concernés par les blocages et manifestations. Et ainsi, éviter de nouveaux drames.

Le ministre a d'ores et déjà prévenu "que la réponse judiciaire sera[it intraitable en cas de troubles" et appelle "à la responsabilité de chacun pour faire en sorte que le droit de manifester puisse s’exercer dans le respect de l’ordre républicain".

Claire Rodineau