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Police-Justice

Agression à Bordeaux: Élisabeth Borne dénonce l'"instrumentation" des faits divers

La Première ministre Elisabeth Borne, le 26 avril 2023 à Paris

La Première ministre Elisabeth Borne, le 26 avril 2023 à Paris - Bertrand GUAY © 2019 AFP

Face aux nombreuses réactions de l'extrême droite après les agressions récentes d'Annecy et de Bordeaux, Élisabeth Borne a dénoncé ceux qui "veulent immédiatement instrumentaliser" des faits divers.

La Première ministre réagit à l'agression de Bordeaux... Et à ses échos politiques. Élisabeth Borne a jugé que la vidéo de l'agression lundi d'une septuagénaire et sa petite-fille à Bordeaux était "choquante".

"Il doit y avoir une enquête, des sanctions, mais je pense qu'il faut aussi qu'on fasse attention", a-t-elle développé lors d'une interview pour Brut.

La Première ministre a ainsi estimé qu'il fallait être "très attentif" aux points soulevés par la famille des victimes ce mardi. Dans un communiqué, la famille s'est notamment dit "indignée par la récupération politique qui est faite de ce fait divers". Elle a également affirmé qu'il était "parfaitement indécent de se servir de ce fait divers pour évoquer une origine ethnique ou de justifier des réformes pénales ou migratoires" et que "la justice doit se rendre sereinement en son temps dans les tribunaux". L'homme de 29 ans interpellé après l'agression est par ailleurs un Français, né en France.

Des images mises "au service d'une idéologie"

La vidéo de l'agression a été relayée par plusieurs personnalités d'extrême droite. Elles ont mis en cause les défaillances de la politique de sécurité publique et souvent fait un lien entre insécurité et immigration.

"Ces agressions sont quotidiennes et l'insécurité, aggravée par le chaos migratoire, devient endémique. Combien faut-il de vidéos comme celle-ci pour que le pouvoir réagisse?", a ainsi tweeté Marine Le Pen mardi.

Ce mardi, auprès de Brut, Élisabeth Borne a jugé "très dangereux d'exploiter des phénomènes qui peuvent créer de l'émotion en n'ayant pas les éléments".

"Heureusement, dans notre pays, il y a une justice qui prend le temps de comprendre les circonstances des faits et qui ensuite dit, le cas échéant, les conséquences qu'il faut en tirer en ayant identifié des auteurs", a-t-elle déclaré.

"Toutes les réactions très émotionnelles, où on vous montre des images" dont on ne connaît pas les "circonstances" exactes, "en mettant ça au service d'une idéologie (...), je pense que c'est dangereux", a martelé la Première ministre.

Borne dénonce l'instrumentalisation des faits divers

Élisabeth Borne a aussi mentionné les réactions suscitées par l'attaque au couteau qui s'est déroulée début juin à Annecy et qui a fait six blessés dont quatre jeunes enfants. L'assaillant avait obtenu fin 2013 un permis de séjour permanent après avoir reçu l'asile, ce qui lui conférait le statut de réfugié en Suède. Il a été arrêté et mis en examen pour "tentatives d'assassinat" notamment.

Le 11 juin, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a affirmé sur TF1 que "cette attaque est la conséquence du désordre migratoire qui règne aujourd'hui en France et en Europe" et s'est prononcé pour une restriction des "usages" du droit d'asile.

Dénonçant ceux qui "veulent immédiatement instrumentaliser le sujet", Élisabeth Borne a assuré que "quand on a des faits dramatiques, il faut en tirer des conséquences, mais quand on a établi les faits, et c'est le rôle de la justice".

Face à de tels événements, "on peut être choqué, mais l'emballement qui finit par mettre un fait divers au service d'une vision idéologique, je ne peux que le déplorer", a estimé Élisabeth Borne.

Sophie Cazaux