Agression d'Yvan Colonna: le suspect, un détenu "au parcours chaotique" mais qui présentait "une évolution positive"

Manifestation en soutien au militant indépendantiste Yvan Colonna, le 13 mars 2022 à Bastia - Pascal POCHARD-CASABIANCA © 2019 AFP
Comment l'agresseur d'Yvan Colonna a-t-il pu échapper à la vigilance du personnel de la prison d'Arles? Ce mercredi, lors de son audition par la commission des lois de l'Assemblée nationale, le directeur de l'administration pénitentiaire a concédé ne pas pouvoir garantir qu'une "surveillance constante des détenus" était effectuée, rapportent nos confrères de France Info.
Le 2 mars, le militant indépendantiste corse, condamné à la réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac en 1998, est victime d'une violente agression alors qu'il fait du sport dans une salle de la maison d'arrêt d'Arles, dans les Bouches-du-Rhône.
Alors qu'il s'entraîne au sol, un codétenu s'en prend à lui, lui donnant des coups de pieds et l'étranglant. Deux semaines après, il est hospitalisé à Marseille et toujours dans le coma. Les enquêteurs tentent de faire la lumière sur les circonstances du drame.
"Impossible de surveiller toutes les caméras"
Laurent Ridel a expliqué lors de son audition que la maison d'arrêt dans laquelle Yvan Colonna et Franck Elong Abe, le suspect, étaient incarcérés, est équipée de 54 caméras de surveillance. Cependant, il affirme qu'il est "matériellement impossible pour un agent de visionner parfaitement 54 caméras. [...] Il n'est pas possible de surveiller 24 heures sur 24 toutes les caméras."
Le directeur précise que le jour de l'agression, les surveillants pénitentiaires avaient fait le choix de ne pas prioriser le visionnage des caméras donnant sur la salle de sport.
"Je n'aurai pas l'outrecuidance de vous dire que toutes les décisions étaient parfaites", a-t-il concédé devant la commission des lois.
Par ailleurs, alors que l'assaillant avait le statut de Détenu particulièrement signalé (DPS), après avoir été condamné à neuf ans de réclusion pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, l'agression a soulevé de nombreuses questions sur la possibilité pour lui de pratiquer des activités ou de travailler. À ce sujet, le directeur de l'administration pénitentiaire répond que ces détenus "n'ont pas de restriction de droits".
Pas de "dégradation" dans le comportement du détenu
Laurent Ridel s'est également exprimé sur le profil de l'assaillant lors de son audition. La prison d'Arles n'avait observé "aucun signal objectif de dégradation" de son comportement. Le directeur de l'administration pénitentiaire parle d'un détenu au "parcours chaotique", d'"une personne qui n'était pas d'une stabilité totale au point de vue psychologique", mais qui avait connu une "évolution positive" depuis quelques années.
"Le risque qui était perçu" concernait davantage "les conditions de sa sortie", prévue en 2023, que "celui de la poursuite de la détention en Arles", a poursuivi Laurent Ridel.
Confirmant les propos du mis en examen lors de son interrogatoire, il rapporte que les deux déténus affichaient même une certaine proximité: "Ils pratiquaient parfois le sport ensemble" sans que des disputes entre eux n'aient été relevées.
Questionné par la police, Franck Elong Abe avait justifié son passage à l'acte en affirmant qu'Yvan Colonna était l'auteur de deux "blasphèmes". Il aurait notamment dit devant son codétenu "je crache sur Dieu" quelques jours avant le drame.