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"Le diable est venu me donner du remords": ce qu'a dit l'agresseur de Colonna lors de sa garde à vue

Affiche d'Yvan Colonna placardée à Cargèse, son village natal en Corse, le 13 décembre 2007.

Affiche d'Yvan Colonna placardée à Cargèse, son village natal en Corse, le 13 décembre 2007. - Stephane AGOSTINI © 2019 AFP

L'agresseur d'Yvan Colonna, interrogé sur son intention de tuer le militant corse, n'a pas voulu répondre lors de sa garde à vue. Yvan Colonna est dans le coma depuis le 2 mars, hospitalisé à Marseille.

Yvan Colonna est auteur de plusieurs "blasphèmes", selon son agresseur. Lors de son interrogatoire, Franck Elong Abe a expliqué que le militant indépendantiste corse condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac avait déjà commis un "blasphème", plusieurs mois avant l'attaque à la prison d'Arles le 2 mars, apprend ce jeudi BFMTV d'une source proche du dossier.

Durant sa garde à vue, le mis en examen a notamment évoqué une promenade pendant laquelle Yvan Colonna aurait prononcé ces mots: "Si Dieu existe, alors qu'il me tue." Ce à quoi son codétenu aurait répondu: "Tu ne peux pas donner d'ordres à Dieu".

Le lundi précédant l’agression, les deux prisonniers ont de nouveau eu une discussion au sujet de la religion, échange au cours duquel Yvan Colonna aurait déclaré "Je crache sur Dieu". "Je ne pouvais pas laisser passer ça", commente Franck Elong Abe lors de sa garde à vue.

"Le diable est venu me donner du remords"

Le suspect explique que le jeudi 2 mars, alors qu'il pénètre dans la salle de sport et voit Yvan Colonna faire des exercices au sol, il entend Dieu lui dire "Venge-moi". Il se jette alors sur lui, le rouant de coups et l'étranglant.

Cela fait désormais huit jours que l'ancien berger de Cargèse est entre la vie et la mort, hospitalisé à Marseille.

Interrogé sur l'intention de tuer son codétenu lors de sa garde à vue, le suspect ne répond pas. Mais il se dit content qu’Yvan Colonna soit encore vivant, précisant qu’il a beaucoup d’estime pour lui, "un mec à l’ancienne", notamment parce qu’il envoie de l’argent à son fils tous les mois.

Franck Elong Abe n’a pas souhaité revoir la vidéo de l’agression. Selon nos sources, il déclare même que la nuit d’après, "le diable est venu dans [sa] cellule, pour lui donner du remords".

Le suspect dément le caractère terroriste de son geste

À la sortie de sa garde à vue, face à la juge qui lui annonce sa mise en examen pour "tentative d'assassinat en lien avec une entreprise terroriste", il répond, sur un ton ironique: "Ah oui, c’est un attentat? Je vais même vous dire qui l’a commandité: c’est Eric Zemmour, et je demande une confrontation".

Face aux policiers, le suspect a déclaré n'avoir "personne d'autre que Dieu dans [sa] vie": "Cracher sur Dieu, c'est renier son caractère sacré", a-t-il indiqué aux enquêteurs.

Cependant, il dément le caractère terroriste de son geste. En pleurant, il déclare lors de sa garde à vue: "J'ai agi par amour, comme un crime passionnel. Je voulais venger Dieu."

Selon nos informations, le mis en examen fera l'objet d'expertises psychiatriques au cours de l'instruction.

Cécile Ollivier et Mélanie Bertrand avec E.F.