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"Ta cavale commence ici": Jo Péraldi, ancien bras armé du FLNC, raconte comment il a aidé Yvan Colonna

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Le berger corse, condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, avait été interpellé, en 2003, après quatre ans de cavale dans le maquis. Vingt-ans après, l'ancien bras armé du Front de libération national Corse (FLNC), raconte la cavale du militant indépendantiste.

"Je l'ai connu quand il est arrivé en Corse, il avait 21 ans. Il a toujours été proche de nous". Jo Péraldi, né en Algérie dans une famille corse, a vécu quarante ans dans la clandestinité après s'être engagé dans le Front de libération national Corse (FLNC). Devenu le chef militaire du mouvement, il a aidé Yvan Colonna dans sa cavale.

Une histoire qu'il raconte dans son livre, "Confessions d'un patriote corse, des services secrets français au FLNC", à paraître ce 30 octobre et co-écrit avec Frédéric Ploquin, grand reporter et spécialiste du grand banditisme. À cette occasion, les deux hommes étaient les invités de BFMTV-RMC ce vendredi 25 octobre.

"La mort du préfet a été un choc pour tout le monde"

Après le meurtre du préfet Claude Érignac le 6 février 1998 à Ajaccio, le militant indépendantiste corse et ancien berger de Cargèse part en cavale. Il va échapper aux forces de l'ordre durant plusieurs années, avant d'être interpellé en juillet 2003.

"Lors des arrestations (après le meurtre du préfet, NDLR), il y a eu une erreur. On a arrêté son frère au lieu de lui. Quand les policiers s'aperçoivent de leur erreur, ils le recherchent, mais Yvan est déjà caché", se souvient Jo Péraldi.

"La mort du préfet a été un choc pour tout le monde. Nous essayons de regrouper l'ensemble des nationnalistes et de faire l'union de façon à présenter un projet d'évolution institutionnel collectif. Et c'est ce qui s'est fait", ajoute-t-il.

"Ta cavale commence ici"

C'est à ce moment que le bras armé du FLNC reçoit un appel du beau-frère d'Yvan Colonna. Les deux hommes conviennent d'un rendez-vous, à "l'endroit habituel", dans un village. "Il y avait Yvan, qui me fait part de sa volonté de se mettre en cavale", relate Jo Péraldi, qui met en garde le militant nationaliste sur les difficultés de se cacher.

"Il n'y a pas de problème, mais il faudra que tu te prives de tout. Que tu ne voies plus ton épouse, ton fils, plus personne. Il faut que ça soit strict sinon tu vas te mettre en danger", explique-t-il.

Pour exfiltrer Yvan Colonna, recherché par l'ensemble des forces de l'ordre, il a l'idée de prendre la voiture d'un couple de retraités, bien connus dans la région. "J'ai dit: 'on va mettre un homme qui ressemble terriblement au propriétaire de la voiture et son épouse'. Le matin, nous prenons cette voiture", raconte encore Jo Péraldi. Sauf que la place de l'épouse est en fait occupée par Yvan Colonna, grimé d'un foulard.

"J'organise un ouvreur de route avec un talkie-walkie dans son casque, relié à l'oreillette du chauffeur", pour parer aux éventuels contrôles policiers. Puis, le chef militaire du FLNC, rejoint Yvan Colonna. "Je lui dis: 'ta cavale commence ici'".

Yvan Colonna, mort à l'âge de 61 ans en 2022, après avoir été agressé en prison, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet de Corse. Durant son procès et sa détention, il n'a cessé de clamer son innocence.

Fanny Rocher