BFMTV
Syrie

Syrie: Russie et Etats-Unis débutent d'âpres négociations

Vladimir Poutine et Barack Obama lors du G20 de 2012, au Mexique. Les relations entres les deux pays restent depuis, très tendues.

Vladimir Poutine et Barack Obama lors du G20 de 2012, au Mexique. Les relations entres les deux pays restent depuis, très tendues. - -

La valse diplomatique qui s'est grandement accéléré ces derniers jours, laisse presque face à face les deux puissances russe et américaine, qui discutent d'un projet de placement de l'armement chimique syrien sous contrôle international. Tandis que l'ONU ne peut que constater une fois de plus son "échec".

Les prochains jours vont être consacrés à de difficiles négociations diplomatiques sur le dossier syrien.

Alors qu'une éventuelle intervention militaire en Syrie n'est pour l'heure plus à l'ordre du jour, les Etats-Unis et la Russie vont discuter dans le détail d'un projet russe de placer l'énorme arsenal d'armes chimiques de la Syrie sous contrôle international.

A peine rentré d'Europe lundi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry remonte dans son avion mercredi soir pour rallier Genève où doit se tenir jeudi et vendredi - voire samedi - des réunions cruciales avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

Les deux ministres seront accompagnés d'experts en armement. L'envoyé spécial de la Ligue arabe et de l'ONU pour la Syrie, fera également le déplacement, a indiqué la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki, alors que mercredi soir, une énième réunion du Conseil de sécurité n'a donné aucun résultat.

La Maison Blanche sceptique

La porte-parole américaine a également accusé réception "des idées" contenues dans les propositions que les Russes ont transmises avant la rencontre de Genève. Ce projet de mise sous séquestre international du stock d'armes chimiques syrien - le plus important du Moyen-Orient - a d'ores et déjà été accepté par Damas.

Sergueï Lavrov, qui avait le premier dévoilé ce plan lundi soir, qualifie ce projet de "réalisable, précis, concret". John Kerry et Sergueï Lavrov, qui affichent une certaine proximité, se téléphonent quasiment tous les jours depuis l'attaque chimique du 21 août, que les Etats-Unis et leurs alliés européens et arabes imputent au régime du président syrien Bachar al-Assad.

Mais Moscou et Washington s'affrontent depuis deux ans et demi sur la Syrie et le Conseil de sécurité de l'ONU est bloqué. Si bien que la Maison Blanche a concédé aborder avec "scepticisme" cette phase diplomatique inattendue, compte tenu du manque de "fiabilité" de la Syrie pour "respecter ses engagements".

Mardi soir, lors d'une adresse solennelle à la Nation, le président Barack Obama - par principe très réticent à intervenir militairement dans le conflit syrien - avait laissé une chance à cette proposition russe.

Poutine: agir hors ONU serait "une agression"

Le président Vladimir Poutine, qui avait parlé à son homologue américain de cette proposition au sommet du G20, a encore demandé aux Etats-Unis de renoncer au recours à la force.

Il estime que l'usage de la force en Syrie en dehors de l'ONU "constituerait un acte d'agression", qui pourrait déclencher une "nouvelle vague de terrorisme" et "déstabiliserait le Proche-Orient", dans une tribune publiée par le New York Times.

Vladimir Poutine confiait à ce même média qu’il attribuait les attaques chimiques aux rebelles syriens et non à l'armée régulière. "Il y a toutes les raisons de croire que (le gaz toxique) a été utilisé non pas par l'armée syrienne, mais par les forces d'opposition, pour provoquer une intervention de leurs puissants soutiens étrangers, qui se seraient mis du même côté que les fondamentalistes", affirme le président russe.

Ces conclusions qui vont totalement à l'encontre des conclusions du renseignement américain sur l'attaque du 21 août à Damas présagent de difficiles négociations.

L'ONU constate son échec

La voie diplomatique s'est également rouverte à l'ONU où les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ont discuté pendant 45 minutes, sans toutefois conclure, des moyens de démanteler l'arsenal chimique syrien.

La France avait indiqué être prête à modifier, dans certaines limites, son projet de résolution mais entend, de même que les Etats-Unis, maintenir l'option militaire sur la table comme moyen de pression sur le régime du président Bachar al-Assad.

Ce discours ambivalent et à la logique bien particulière avait aussitôt été dénoncé par la diplomatie russe. D'une manière générale, Ban Ki-moon, a reconnu que "notre échec collectif à prévenir les atrocités commises en Syrie depuis deux ans et demi pèsera lourdement sur la réputation de l'ONU et de ses Etats membres".

Une première réunion mardi entre les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine avait été annulée in extremis, Moscou jugeant "inacceptable" le projet de résolution de Paris.

David Namias avec AFP