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Syrie: Jolani juge "prématuré de définir" la "forme exacte du nouveau régime" après Bachar al-Assad

Abou Mohammed al-Jolani, chef du groupe islamiste Hayat Tahrir al Sham (HTS) le 17 décembre 2024.

Abou Mohammed al-Jolani, chef du groupe islamiste Hayat Tahrir al Sham (HTS) le 17 décembre 2024. - SANA

Le nouvel homme fort de la Syrie a listé les difficultés auxquelles va faire face le pays, annonçant que "l'écriture d'une nouvelle constitution va prendre du temps."

Quel avenir politique pour la Syrie? Dix jours après la chute de Bachar al-Assad, Abou Mohammad al-Jolani, leader du groupe islamiste sunnite radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a livré sa vision du futur de la Syrie lors d'un entretien accordé à la presse étrangère dont France 24.

Les rebelles ont nommé Mohammad al-Bachir comme chef du gouvernement de transition. Ce dernier dirigeait jusqu'à présent le "Gouvernement de salut" du bastion rebelle d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie et assurera ses nouvelles fonctions jusqu'au 1er mars 2025.

"On récupère un pays en miettes"

Et après quel avenir pour le pays? Jolani s'est montré prudent quant à la tenue d'élections. "L'écriture d'une nouvelle constitution va prendre du temps. Des élections pourraient se tenir, mais en l'état, on ne sait même pas combien d'électeurs il y a en Syrie", a rappelé Abou Mohammad al-Jolani.

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18:37
"Par exemple, beaucoup de mineurs ont atteint l'âge de voter dans les camps ou à l'étranger et n'ont pas de pièce d'identité. Un immense travail de recensement doit être fait pour recréer un registre", a-t-il proposé devant la presse internationale.

Il a aussi mis en avant l'état de la Syrie, un pays ravagé par plus de 10 ans de guerre civile qui a fait plus de 500.000 morts et plusieurs millions de déplacés, selon l'ONU. "On récupère un pays en miettes dans tous les secteurs: l'industrie, le commerce, l'armée, l'administration, alors qu'avant Assad, c'était une référence dans tous les domaines", a pointé le nouvel homme fort de la Syrie devant plusieurs journalistes étrangers.

Lors de cet entretien, le leader de HTS a estimé "qu'il est prématuré de définir quelle sera la forme exacte du nouveau régime que nous sommes en train de mettre en place." Mais Jolani a une idée de mesures qu'il compte mettre en place.

"Faire rentrer les gens chez eux"

Parmi les priorités des nouveaux gouverneurs de la Syrie figure la question des déplacés qui se comptent en millions. "Notre première préoccupation, c'est de faire rentrer les gens chez eux (...). Il faut donc sécuriser cette période transitoire, tout en s'assurant que l'aide nécessaire sera fournie à tous les Syriens qui reviennent chez eux, avec de la nourriture, des infrastructures, des services et une sécurité."

Lors de cette prise de parole, Abou Mohammad al-Jolani a annoncé la tenue prochaine d'un congrès national sans préciser de calendrier.

Ce lundi, des délégations diplomatiques britanniques et françaises se sont rendus à Damas. Se pose aussi la question des relations entre l'Occident et HTS. Le groupe islamiste a demandé à être retiré de la liste "des organisations terroristes" et a annoncé la dissolution de sa branche armée ce lundi.

Matthieu Heyman