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Morts, déplacés... Les chiffres de l'horreur du régime de Bachar al-Assad en Syrie

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L'offensive fulgurante menée par des groupes rebelles en Syrie a permis en l'espace de 10 jours de faire tomber le régime. Le président Bachar al-Assad était au pouvoir depuis 24 ans, après avoir succédé à son père Hafez al-Assad.

Le président de Syrie Bachar al-Assad en fuite, chassé par une offensive éclaire menée par des groupes rebelles, le régime prend fin après presque 50 ans de règne pour la famille Assad, dont 24 ans pour Bachar al-Assad, lors duquel il a fait régner la terreur dans le pays.

Le 27 novembre, une coalition de rebelles menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) lance une offensive fulgurante qui permet en l'espace de seulement 10 jours de prendre la conquête de la ville d'Alep, mais aussi de Homs et de Deraa, avant d'entrer dans la capitale, Damas.

Depuis, Bachar al-Assad et sa famille se trouvent en Russie, selon les agences de presse russe, qui assurent que Moscou leur a donné "l'asile". Ce lundi, le Kremlin refuse cependant de confirmer cette information.

500.000 morts depuis 2011

L'avancée spectaculaire des rebelles jusqu'à Damas marque un tournant dans l'histoire récente de la Syrie. Depuis 2011, le pays était frappé par une guerre civile qui a fait environ 500.000 morts, selon l'Agence France-presse (AFP).

Tous les soirs dans Le Titre à la Une, découvrez ce qui se cache derrière les gros titres. Céline Kallmann vous raconte une histoire, un récit de vie, avec aussi le témoignage intime de celles et ceux qui font l'actualité.
Syrie: Après la chute d'al-Assad et 50 ans d'oppression, quel avenir pour le pays?
18:37

Pendant ces 14 années de conflit, le régime réprime violemment les protestataires. En 2011, des manifestations sont dispersées à Damas où des adolescents sont torturés. Le mouvement prend pourtant encore de l'ampleur.

Parmi les événements les plus meurtriers, on dénombre notamment une attaque chimique, imputée au régime par les États-Unis, et qui aurait fait plus de 1.000 morts près de Damas en août 2013, tandis que de nombreux morts sont recensés via les attaques aériennes menées régulièrement par l'armée syrienne. Rien que pour l'année 2021, ces bombardements font 3.800 victimes.

Plus de 10 millions de déplacés

Fuyant le régime de Bachar al-Assad, de nombreux Syriens ont quitté le pays ces dernières années. D'après l'AFP, on estime que la guerre civile a conduit au départ à l'étranger de la moitié des 23 millions d'habitants de Syrie recensés avant le début du conflit.

Avec l'avancée des rebelles vers Alep, puis Damas, débutée le 27 novembre, le nombre de déplacés a encore gonflé. En seulement quelques jours, plus de 280.000 Syriens se sont déplacés dans le nord-ouest du pays en lien avec cette offensive soudaine, selon un communiqué de l'ONU daté du 6 décembre.

Et ce chiffre devrait encore grimper, puis les Nations unies s'attendent à ce que jusqu'à 1,5 million de personnes connaissent ce sort à moyen ou long terme après la chute du régime Assad.

Des milliers de prisonniers et disparus

Sous le règne de Bachar al-Assad, de nombreux Syriens ont été placés en détention, parfois de façon arbitraire, afin de faire régner la terreur dans le pays, certains étant ensuite exécutés, d'autres laissés sans nouvelle pour leur proche qui ignorent s'ils sont toujours en vie.

Selon un rapport de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) daté de 2022, cité par l'AFP, plus de 100.000 personnes ont péri dans ses prisons, notamment sous la torture, depuis le début en 2011 de la "révolution".

En 2022, un rapport d'Amnesty International estimait que rien que dans la prison Saydnaya, établissement considéré comme ayant été témoin de certaines des pires exactions menées durant le régime d'Assad, 30.000 détenus ont été tués ou sont morts en raison de mauvais traitements, de manque de soins ou de nourriture ou encore d'actes de torture entre 2011 et 2018. D'après des témoignages recueillis auprès de prisonniers libérés, au moins 500 prisonniers sont morts entre 2018 et 2021 dans ces conditions. L'OSDH estimait de son côté en 2022 que 6.000 détenus ont été relâché de cette prison sur les 30.000 prisonniers estimés.

La prison de Saydnaya en Syrie, alors que des détenus sont libérés après la chute de Bachar al-Assad, le 8 décembre 2024
La prison de Saydnaya en Syrie, alors que des détenus sont libérés après la chute de Bachar al-Assad, le 8 décembre 2024 © Abdulaziz KETAZ / AFP

Alors que l'association internationale avait qualifié en 2017 la prison "d'abattoir pour êtres humains", le gouvernement syrien avait assuré que ces allégations étaient "sans fondement". Désormais, avec la fin du régime Assad, de nombreux détenus ont déjà été libérés, alors que l'ONG des Casques blancs sur place recherche de potentielles "cellules souterraines cachées".

Juliette Desmonceaux avec AFP