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En Syrie, la "riposte" voulue par François Hollande en marche

Dix avions français étaient engagés dans l'opération de dimanche contre le fief de Daesh à Raqqa, en Syrie.

Dix avions français étaient engagés dans l'opération de dimanche contre le fief de Daesh à Raqqa, en Syrie. - AFP

L’aviation française a bombardé dimanche le fief de Daesh à Raqqa, en Syrie. En ciblant un centre de commandement et un entrepôt de munitions l’Etat veut montrer qu’il engage la riposte.

48 heures après les attentats de Paris, la France a répliqué en Syrie. L’armée a déployé dimanche 10 avions de chasse et largué 20 bombes sur Raqqa, la capitale de l’Etat islamique. Un déploiement de force inédit pour les forces françaises en Syrie et qui a nécessité une coordination avec les forces américaines.

Dans le viseur de la France, deux objectifs : un centre de commandement et un entrepôt de munitions. "Daesh sur sa chaîne vidéo a confirmé que les frappes avaient bien touché des casernes au nord de cette ville en indiquant qu’il n’y a pas eu de victimes", précise Ulysse Gosset spécialiste international BFMTV. "Les explosions ont secoué la cité entière, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Il y a eu des raids au nord et au sud de Raqa." Lors de la même opération, des forces de la coalition ont également détruit dans l’est du pays 116 camions-citernes utilisés par Daesh, un nombre record. 

Raqqa, une base de formation des combattants

"Les objectifs sont symboliques, c’est un centre de commandement qui est visé, analyse Patrick Dutartre, ancien général de l’armée de l’air sur BFMTV. On cherche à viser la tête de Daesh." Raqqa est en effet une base utilisée par le groupe Etat islamique pour former ses combattants. Un camp d’entraînement incluant des dépôts d’armes, la "brigade 17" aurait été visé rapporte l’OSDH. En réaction aux raids, l’EI a interdit la circulation et coupé l’électricité de la ville, affirme Abou Mohamed, membre du groupe d’activistes anti-EI "Raqqa est massacré en silence".

Il s'agit pour la France de sa cinquième opération en Syrie mais la plus importante à ce jour. Un signe de l'engagement français alors que François Hollande a promis que la France serait "impitoyable" dans la guerre contre "l'armée de Daesh". Le gouvernement a également prévu d'intensifier son action en Syrie dans les semaines qui viennent."Le porte-avions Charles de Gaulle appareillera jeudi pour se rendre en Méditerranée orientale, ce qui triplera nos capacités d'action", a appuyé François Hollande lundi devant le Congrès.

L'opération terrestre pas encore envisagée

Toutefois, "la question qui se pose est de savoir combien de fois on peut répéter ce type d’opérations compte tenu des moyens limités de la France dans la région", souligne Ulysse Gosset. Une interrogation que partage Alain Rodier, spécialiste du terrorisme. "Les frappes aériennes n’apporteront pas la victoire sur le terrain. Toutes les expériences dans le passé l’ont montré". Il doute que la répétition d’opérations aériennes suffise à porter un coup sévère à Daesh.

"Rien n'est exclu" pour s'attaquer à Daesh a indiqué ce lundi Manuel Valls. Pour autant, une opération terrestre paraît difficilement réalisable pour le moment. "C’est extrêmement complexe, pour envisager une telle action il faudrait une réelle coalition internationale", souligne Ulysse Gosset. Lundi, François Hollande a annoncé qu'il rencontrerai Barack Obama et Valdimir Poutine pour parvenir à "une grande et unique coalition". La question de la place de Bachar al-Assad reste centrale pour organiser une telle coalition. 

Une riposte intérieure

La riposte de François Hollande passe aussi par une contre-offensive en France. "Nous menons la guerre à l'intérieur et à l'extérieur", a martelé Bernard Cazeneuve lundi. Depuis samedi une vague de 168 perquisitions ont été menées partout en France et dans le même temps, 23 personnes ont été placées en garde à vue.

Ces perquisitions administratives conduites dans 19 départements ont permis une prise importante d'armes. En tout, 31 armes dont 19 armes de poing et 4 armes de guerre ont été découvertes. François Hollande a plaidé lundi pour un "cadre pour lutter contre le financement du terrorisme" et une "législation solide et efficace sur le contrôle des armes à feu" au niveau Européen. Devant le Congrès, le chef de l'Etat a réaffirmé sa détermination et promis qu'il n'y aurait "aucun répit" pour les terroristes.

Carole Blanchard avec AFP