Guerre à Gaza: Israël propose un accord de trêve au Hamas qui voit son désarmement comme une "ligne rouge"

Des décombres s'amoncellent après une frappe israélienne sur l'hôpital Al-Ahli, également connu sous le nom d'hôpital baptiste ou Ahli Arab, à Gaza, le 13 avril 2025. - Omar AL-QATTAA / AFP
Entre Israël et le Hamas, les négociations continuent. Avec, comme médiateurs, l'Égypte et le Qatar, réunis au Caire ce week-end avec une délégation du mouvement islamiste palestinien pour mener les discussions en vue d'une trêve dans l'enclave. Lundi, le Hamas affirmait examiner une proposition israélienne de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, transmise par les médiateurs égyptiens.
Selon un responsable du Hamas, la proposition israélienne prévoirait "la libération de la moitié des otages" la première semaine après l'accord en échange d'un cessez-le-feu d'"au moins 45 jours" et l'entrée d'aide dans le territoire palestinien.
Israël exige, toujours selon la même source, le désarmement du Hamas et de tous les groupes armés palestiniens à Gaza, pour mettre définitivement un terme à la guerre qui dure depuis 18 mois. Un dépôt d'armes que refuse catégoriquement le mouvement islamiste.
"La position du Hamas et des factions de la résistance est que les armes de la résistance constituent une ligne rouge (...) non-négociable", a souligné le responsable du Hamas à l'AFP.
Dans un communiqué, le mouvement palestinien a indiqué que sa direction étudiait la proposition remise par les médiateurs et qu'elle "présentera sa réponse dès que les consultations nécessaires seront terminées". Selon des sources citées par l'agence de presse Reuters, le Hamas impose que tout accord avec Israël doit conduire à la fin de la guerre à Gaza.
Un responsable du Hamas, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a déclaré à l'agence de presse américaine Associated Press (AP) que le groupe enverrait toutefois une délégation au Qatar pour des négociations plus tard cette semaine ou la semaine prochaine.
"Pire situation humanitaire"
Après deux mois de trêve, Israël a repris le 18 mars ses opérations militaires dans la bande de Gaza. Avec un seul objectif: y éradiquer le Hamas. L'entrée de l'aide humanitaire est par ailleurs bloquée par Israël dans l'enclave palestinienne depuis le 2 mars, avant même la reprise de son offensive, aggravant la situation pour les civils.
"La situation humanitaire est maintenant probablement la pire depuis le début des hostilités il y a 18 mois", a prévenu le Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) dans un communiqué.
Dans le petit territoire où s'entassent 2,4 millions d'habitants, on manque de tout: de nourriture, d'eau, de carburants et d'autres produits de première nécessité, selon l'Ocha. "Nous manquons de médicaments, de fournitures médicales, de tout dans les hôpitaux", témoigne à l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le docteur Ahmed al-Farah.
Lors d'un échange téléphonique, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et Emmanuel Macron ont insisté sur "la nécessité urgente d'un cessez-le-feu" à Gaza et de "l'accélération de la livraison de l'aide humanitaire", selon l'agence de presse officielle palestinienne Wafa.
58 otages toujours retenues à Gaza
La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent perpétrée le 7 octobre 2023 par le Hamas dans le sud d'Israël. Elle a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. Sur 251 personnes alors enlevées, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 mortes, selon l'armée.
Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé lundi qu'au moins 1.613 Palestiniens avaient été tués depuis le 18 mars, portant à 50.983 le nombre de morts à Gaza depuis le début, il y a 18 mois, de la riposte israélienne.
Une trêve, entre le 19 janvier et le 17 mars, a permis le retour en Israël de 33 otages, incluant huit morts, en échange de la sortie d'environ 1.800 Palestiniens des prisons israéliennes.
Aide européenne
Lundi, l'Union européenne a annoncé une aide financière de 1,6 milliard d'euros, échelonnée jusqu'à 2027. Plus de la moitié est destinée à renforcer l'Autorité palestinienne, a indiqué la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas. Quelque 620 millions d'euros sous forme de dons sont destinés au budget de l'Autorité palestinienne et 576 millions pour des projets économiques en Cisjordanie et à Gaza, une fois que la situation leur permettra, a précisé l'UE.
Dans un message sur X, le président français Emmanuel Macron a lui estimé qu'il fallait "réformer" l'Autorité palestinienne pour lui donner un rôle, après la guerre, dans la gouvernance à Gaza d'où, a-t-il dit, il faut "écarter" le Hamas. Lors d'une visite à l'Institut du monde arabe à Paris, il est ensuite revenu sur son plan pour la conférence des Nations unies que la France coprésidera avec l'Arabie saoudite en juin à New York.
"Ce que nous voulons déclencher, c'est une série d'autres reconnaissances (d'un État palestinien, ndlr) mais aussi la reconnaissance d'Israël par des États qui aujourd'hui ne le font pas", a-t-il dit.
La veille, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait jugé qu'Emmanuel Macron faisait une "grave erreur" en promouvant l'idée d'un État palestinien, dont la "seule aspiration est la destruction d'Israël".