"Le but n'est pas de punir Israël": Bruxelles propose de taxer à hauteur de 227 millions d'euros des biens importés d'Israël et de sanctionner deux ministres

Le drapeau de l'Union européenne flotte devant le Parlement européen le 23 avril 2024 - FREDERICK FLORIN / AFP
La Commission européenne a proposé ce mercredi 17 septembre de taxer davantage les produits israéliens importés dans l'UE, et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu, a annoncé la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.
"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a-t-elle déclaré devant la presse.
Israël a déjà repliqué et exhorté Bruxelles à ne pas aller de l'avant avec ses propositions. "Toute sanction recevra une "réponse appropriée", a promis son ministre des Affaires étrangères Gideon Saar. "La pression par des sanctions ne fonctionnera pas," avait-il déjà assuré, dans une lettre à la présidente de la Commission Ursula von der Leyen
Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.
"La situation à Gaza est intenable"
La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.
L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.
"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Kaja Kallas.
La Commission européenne défend aussi le principe de sanctions contre les colons israéliens extrémistes, conformément à une autre proposition qu'elle a faite aux États membres il y a des mois.
Un accord difficile à trouver
Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi. Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.
Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l'Allemagne ou l'Italie.
"Vous connaissez très bien la situation au sein du Conseil" des ministres de l'UE, instance de décision des États membres, a ainsi relevé Kaja Kallas. Plusieurs pays, dont l'Allemagne ou l'Italie, se sont déjà opposés il y a quelques semaines à des sanctions, pourtant très limitées de l'aveu même de la Commission et rien ne dit que ces États membres soient prêts aujourd'hui à donner leur feu vert à des mesures commerciales cette fois bien plus ambitieuses.
"Je pense que les lignes politiques sont très similaires à celles qui ont été jusqu'à présent", a ainsi reconnu Kaja Kallas.
L'UE premier partenaire commercial d'Israël
L'Union européenne est le premier partenaire commercial d'Israël. Concrètement, en cas d'accord des 27 sur des sanctions européennes, quelque 37% des importations israéliennes vers l'UE (15,9 milliards d'euros), seraient à nouveau taxées, selon les règles commerciales en vigueur dans le cadre de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).
Les produits les plus pénalisés seraient les importations agro-alimentaires, a expliqué un haut responsable de l'UE. Les fruits et les produits à base de fruits seraient par exemple soumis à des droits de douane compris entre 8 et 40%.