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Une première dans l'histoire de l'UE: Bruxelles amorce un virage majeur vis-à-vis d'Israël et ouvre la voie à des sanctions économiques contre le pays

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Face à l’offensive militaire israélienne à Gaza, la Commission européenne s’apprête à proposer des sanctions économiques contre Israël, marquant un changement inédit dans la politique européenne sur ce dossier sensible.

La diplomatie ne suffit plus : il faut donc s'attaquer à l’économie israélienne et utiliser le poids économique européen pour essayer de tordre le bras à Netanyahu. C'est la nouvelle position de la Commission européenne, amorcée il y a déjà quelques jours par Ursula Von der Leyen, qui avait utilisé des phrases très dures à l'encontre des opérations militaires israéliennes dans son discours sur l'état de l’Union.

La stratégie européenne se concrétise desormais via deux volets. Le premier, des sanctions ciblées visant des individus spécifiques, notamment "des ministres extrémistes et des colons violents", selon les mots de la présidente de la commission. Le deuxième, beaucoup plus lourd, prévoit la suspension de l’accord commercial bilatéral qui lie l’Union européenne à Israël depuis 25 ans. Cette suspension aurait une portée hautement symbolique, l’UE n’ayant jamais remis en cause un accord économique avec un partenaire traditionnellement proche. Ce choix aurait bien évidemment des conséquences diplomatiques et politiques immédiates.

Des Etats membres divisés

Mais loin d'être un simple choix symbolique, les possibles sanctions européennes auraient un impact significatif sur l'économie israélienne. L’Union européenne est le premier partenaire commercial d’Israël, avec un tiers des exportations israéliennes destinées au marché européen et un tiers des importations israéliennes provenant de l’UE. Une suspension de l’accord commercial aurait donc un véritable impact sur l'économie de l'Etat hébreu.

Mais avant de pouvoir appliquer ces sanctions, les européens doivent déjà parvenir à se mettre d'accord. Pour suspendre le volet économique de l'accord de libre-échange avec Israël, il faut une majorité qualifiée au Conseil européen (au moins 15 États membres représentant 65% de la population de l’Union). Mais comme souvent, les Européens sont profondément divisés. Si des pays comme l’Espagne, la Belgique ou l’Irlande, défenseurs de la cause palestinienne, plaident pour l’adoption de sanctions dures, d’autres, comme la Hongrie et la République Tchèque freinent des quatre fers.

Il faut surveiller le vote de deux pays, déterminants par leur poids démographique et diplomatique : l'Allemagne et l'Italie, tous deux réticents à prendre des mesures à l'encontre d'Israël. Des réticences qui s’expliquent sans doute en partie par des considérations historiques. Ainsi, malgré une opinion publique de plus en plus favorable à des sanctions contre Israël, notamment en Allemagne, la classe politique reste prudente et divisée. En Italie, par exemple, la position officielle est plus floue, privilégiant une approche au cas par cas et une évaluation minutieuse des propositions.

L'ONU qualifie l'offensive terrestre israélienne de "carnage"

Pendant que ces débats se prolongent à Bruxelles, la situation sur le terrain continue à se détériorer. L’offensive terrestre israélienne provoque un drame humanitaire sans précédent. Les Nations Unies ont qualifié cette opération de "carnage" et une commission d'enquête mandatée par l'ONU a employé le terme de "génocide" pour qualifier les actes israéliens à Gaza.

L'opération terrestre israélienne, destinée à éliminer le Hamas, aura des conséquences lourdes sur la population civile à Gaza, où on compte déjà 60.000 morts depuis le début du conflit, et sur les otages israéliens encore entre les mains du Hamas.

Annalisa Cappellini