"Coincé en train de saigner pendant une heure et demie": des Gazaouis racontent les attaques de centres d'aide

La scène est devenue récurrente depuis le retour de l'aide humanitaire à Gaza: des centaines de civils désarmés visés par des tirs sur des sites de distribution de nourriture. L'origine des frappes est souvent inconnue, mais des soldats israéliens ont reconnu avoir reçu l'ordre de tirer, même en l'absence de menace.
La semaine dernière, Abdallah Alnajjar, habitant de Gaza City, a tenté sa chance dans un centre de distribution humanitaire, mais il a reçu une balle dans la main. "Nous nous sommes approchés du site, mais les tirs ont commencé de très loin. Des tirs de chars, de drones et d'artillerie, raconte-t-il. Je suis resté coincé en train de saigner pendant une heure et demie."
À Al-Shifa, le plus gros hôpital de la ville, beaucoup de blessés racontent la même expérience. "Celui qui arrive à ces points de distribution est considéré comme une personne disparue et celui qui en revient vivant, comme un ressuscité", raconte Hani Alhasanat, qui a reçu des éclats à la tête à cause d'un drone.
"Chaos"
Ces centres d'aide alimentaire, pilotés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) et soutenus par Israël et les États-Unis, sont fortement critiqués par d'autres organisations venant en aide à la population civile. Médecins sans frontières (MSF), a même demandé son démantèlement.
"Ces distributions se font toujours dans le chaos, surtout à l'arrivée des camions et nous recevons un grand nombre de blessés, victimes de tirs directs dont l'origine est souvent inconnue, mais aussi d'écrasements par les camions ou de mouvements de foule", déplore le docteur Abdelkarim Abou Ouda, médecin urgentiste à l'hôpital Al-Shifa.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 583 Palestiniens ont été tués près des centres de distribution d'aide humanitaire, depuis le début des opérations de la GHF fin mai. Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a dénoncé un système "militarisé" de distribution qui "tue des gens".
Dans un communiqué, l'armée israélienne a démenti fermement les accusations de soldats selon lesquelles ils auraient eu l'ordre de tirer sur des civils autour de ces sites de distribution.