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Palestine

"Un champ de massacre": le gouvernement israélien accusé d'avoir ordonné à son armée de tuer délibérément des civils à Gaza

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Dans un article publié vendredi 27 juin, le quotidien israélien Haaretz accuse le gouvernement d'avoir ordonné à des soldats de Tsahal d'avoir tiré sur la foule lors de distributions d'aides alimentaires à Gaza. Benjamin Netanyahu a fustigé des "accusations odieuses".

"'C'est un champ de massacre': des soldats de Tsahal ont reçu l'ordre de tirer délibérément sur des Gazaouis désarmés attendant de l'aide humanitaire". Dans un article publié ce vendredi 27 juin, le plus grand quotidien israélien de gauche, Haaretz, cite plusieurs soldats, sous le couvert de l'anonymat, affirmant avoir reçu de leurs commandants des ordres de tirer sur des foules agglutinées près de centres de distribution d'aide dans la bande de Gaza pour les disperser, même lorsqu'elles ne représentaient aucune menace.

Une enquête qui s'inscrit dans un contexte de multiplication de drames en marge de distribution de l'aide humanitaire, ayant fait des morts parfois par dizaines depuis la fin du mois de mai. Le jour même de la parution de l'article, la Défense civile de la bande de Gaza a fait état de 62 personnes tuées, dont dix près d'un centre de distribution. La veille, 65 personnes avaient été tuées, dont sept attendaient de l'aide humanitaire.

Un "simulacre de distribution alimentaire qui produit des massacres à la chaîne"

Début mars, Israël avait imposé au territoire palestinien un blocus humanitaire qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité. Le blocus n'a été que partiellement assoupli fin mai, date à laquelle la fondation humanitaire de Gaza (GHF) commencé ses distributions. Cette fondation, au financement obscur et soutenue par les États-Unis et Israël, a recours à des contractuels armés pour assurer la sécurité de ses centres.

Depuis sa mise en place, les ONG sur le terrain dénoncent des exactions, à l'instar de Médecins sans frontières (MSF) qui a appelé à son démantèlement vendredi, la qualifiant de "simulacre de distribution alimentaire qui produit des massacres à la chaîne".

Chaque jour, les équipes médicales de MSF affirment recevoir des personnes qui ont été tuées ou blessées alors qu'elles tentaient de se procurer de la nourriture dans l'un des sites, et ont constaté, au fil des distributions, une forte augmentation des blessés par balle.

"Les quatre sites de distribution, tous situés dans des zones entièrement contrôlées par les forces israéliennes après que les habitants en ont été déplacés de force, ont la taille d'un terrain de football et sont entourés de postes d'observation, de talus de terre et de barbelés. Leur entrée clôturée ne permet qu'un seul point d'accès", explique Aitor Zabalgogeaskoa, coordinateur des urgences de MSF à Gaza.

"Si les gens arrivent trop tôt et s'approchent des points de contrôle, ils se font tirer dessus. S'ils arrivent à l'heure, mais qu'il y a trop de monde et qu'ils sautent par-dessus les talus et les barbelés, ils se font tirer dessus et s'ils arrivent en retard, ils ne devraient pas être là car c'est une 'zone évacuée', ils se font tirer dessus", dénonce-t-il.

Israël dénonce des "mensonges malveillants conçus pour salir Tsahal"

Cette dénonciation du système "militarisé" de distribution d'aide "qui tue des gens" est partagée par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. "Les gens sont tués simplement en essayant de nourrir leurs familles et eux-mêmes. Aller chercher de la nourriture ne doit jamais être une condamnation à mort", a-t-il déclaré à la presse à New York, sans citer le nom de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF).

Depuis que la GHF a commencé ses opérations dans la bande de Gaza, le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas fait état de près de 550 personnes tuées et plus de 4.000 blessées dans les queues immenses se formant en vue d'atteindre les centres de distribution d'aide humanitaire.

Après la publication de l'article d'Haaretz, le gouvernement israélien a vivement nié les accusations du quotidien. "L'État d'Israël rejette catégoriquement les accusations odieuses de meurtre rituel publiées dans le journal Haaretz", écrit le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans un communiqué commun publié avec son ministre de la Défense Israël Katz.

"Ce sont des mensonges malveillants conçus pour salir Tsahal, l'armée la plus morale au monde", ajoute le texte, en référence à l'acronyme hébreu des Forces de défenses d'Israël.

Quant aux propos d'Antonio Guterres, Israël a estimé que l'ONU "s'aligne sur le Hamas, qui essaie également de saboter les opérations humanitaires de la GHF", assurant que l'armée israélienne "ne prend jamais pour cible des civils".

Fanny Rocher