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Cessez-le-feu entre le Hamas et Israël: les images de joie des Palestiniens dans la bande de Gaza

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Des milliers de Palestiniens ont exulté ce mercredi 15 janvier à travers la bande de Gaza à la nouvelle de l'annonce d'un accord de trêve entre Israël et le Hamas après plus de quinze mois de guerre.

La joie après plus de 15 mois de guerre. Malgré les frappes mortelles qui continuaient de pleuvoir ce mercredi 15 janvier au soir dans la bande de Gaza, des milliers de Palestiniens ont exulté à travers l'enclave à la nouvelle de l'annonce d'un accord de trêve entre Israël et le Hamas.

La trêve qui a été confirmée par le Qatar et les États-Unis, les principaux médiateurs dans les négociations, avec l'Égypte, doit entrer en vigueur ce dimanche. À condition que le gouvernement israélien confirme officiellement l'accord.

Les autorités israéliennes ont accusé ce jeudi matin le Hamas de provoquer "une crise de dernière minute" en revenant sur certains points de l'accord. "Le cabinet israélien ne se réunira pas tant que les médiateurs n’auront pas notifié à Israël que le Hamas a accepté tous les éléments de l’accord", affirme un communiqué du bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

L'accord en trois phases prévoit en premier lieu la libération de 33 otages israéliens en échange d'un millier de prisonniers palestiniens en 42 jours, et une augmentation de l'aide humanitaire.

"Cela fait un an et demi qu'on attend ça"

La nouvelle a ainsi été saluée par de nombreuses capitales, organisations internationales et par les Gazaouis eux-mêmes. À Deir el-Balah, dans le centre du petit territoire, des centaines de personnes ont rapidement manifesté leur joie devant l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa, où tant de morts ont afflué depuis le début de la guerre, en dansant, brandissant des drapeaux palestiniens ou prenant des photos.

Des personnes font la fête dans une rue de Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 15 janvier 2025, alors que la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit dans le territoire palestinien.
Des personnes font la fête dans une rue de Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 15 janvier 2025, alors que la guerre entre Israël et le Hamas se poursuit dans le territoire palestinien. © Eyad BABA / AFP
Des Palestiniens font la fête dans leur camp pour personnes déplacées par le conflit à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 15 janvier 2025.
Des Palestiniens font la fête dans leur camp pour personnes déplacées par le conflit à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 15 janvier 2025. © Eyad BABA / AFP

Un homme et un journaliste portant un gilet pare-balles sont soulevés sur les épaules de la foule pour une interview au-dessus des Palestiniens en liesse.

"Cela fait un an et demi qu'on attend ça, personne ne peut ressentir le sentiment que nous éprouvons, c'est indescriptible, indescriptible", s'exclame un habitant.

Alors qu'arrive une ambulance, des "Allahou Akbar!" ("Dieu est le plus grand !") fusent au milieu d'hommes et de femmes tout sourire. De jeunes enfants, certains semblant perdus au milieu de cette agitation, sont là aussi, au spectacle, déambulant entre les adultes. Un groupe de jeunes garçons, d'une dizaine d'années, entonne un chant populaire de résistance, aussitôt filmés par une escouade de téléphones portables.

L'accord de trêve va permettre à des milliers de personnes déplacées de rentrer chez eux. "Nous sommes très heureux que cette crise, cette tristesse, ces bombardements soient enfin terminés. Nous allons pouvoir retourner dans nos villes natales, revoir nos familles qui ont survécu et être heureux comme avant", déclare Abdallah Al-Baysouni un Palestinien déplacé.

"De la joie en dépit de tout ce que nous avons perdu"

Jointe par téléphone dans le camp de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, Randa Samih, une déplacée originaire de Gaza-ville, peine à contenir son émotion. "Je n'arrive pas à croire que ce cauchemar qui dure depuis plus d'un an commence à toucher à sa fin", dit cette Palestinienne de 45 ans. "Nous avons perdu tant de monde, nous avons tout perdu."

"Nous avons besoin de beaucoup de repos. Dès que la trêve aura commencé, j'irai au cimetière pour rendre visite à mon frère et à plusieurs parents", ajoute-t-elle. "Nous les avons enterrés au cimetière de Deir el-Balah sans sépulture convenable. Nous érigerons de nouvelles tombes, sur lesquelles nous inscrirons leurs noms".

Des personnes font la fête dans une rue de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 janvier 2025.
Des personnes font la fête dans une rue de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 janvier 2025. © BASHAR TALEB / AFP

Abdelkarim, un habitant de Gaza âgé de 27 ans, dit éprouver "de la joie en dépit de tout ce (qu'ils ont) perdu".

"Nous allons revenir à la vie. Je n'arrive pas à croire que je vais enfin revoir ma femme et mes deux enfants qui sont partis vers le sud il y a plus d'un an", ajoute-t-il, disant espérer "que les déplacés seront rapidement autorisés à rentrer".

À Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, des centaines de personnes se sont rassemblées également, en chantant au son de tambours, selon un photographe de l'AFP qui a constaté la présence d'hommes en armes.

Des personnes font la fête dans une rue de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 janvier 2025.
Des personnes font la fête dans une rue de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 janvier 2025. © BASHAR TALEB / AFP
Des personnes regardent la retransmission en direct d'une conférence de presse du Premier ministre du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, dans une rue de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 janvier 2025.
Des personnes regardent la retransmission en direct d'une conférence de presse du Premier ministre du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, dans une rue de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 janvier 2025. © BASHAR TALEB / AFP

Devant l'hôpital al-Ahli de la ville de Gaza, qui ne fonctionne plus que partiellement en raison des importantes pénuries accablant le territoire, des dizaines de personnes se sont rassemblées, affichant pour beaucoup un large sourire.

Confiant éprouver des "sentiments mêlés", Khamis Al-Assi, un médecin encore vêtu de sa tenue d'hôpital, dit espérer que "la joie se répandra dans toutes les maisons".

À côté, Fadl Naeem liste les proches qu'il a perdus depuis le début de la guerre au cours de laquelle plus de 46.707 personnes ont été tuées, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

"Je vais installer la tente devant ma maison et j'attendrai la reconstruction", conclut cet homme déplacé par les combats comme la quasi-totalité des habitants de la bande de Gaza.

En Israël, un espoir et une joie ténue

De l'autre côté de la frontière, en Israël, la joie est plus contenue à l'annonce de la libération prochaine des otages. Une manifestation a eu lieu ce mercredi soir devant le ministère israélien de la défense à Tel Aviv.

Des manifestants appellent à une action pour obtenir la libération des Israéliens retenus en otage à Gaza depuis octobre 2023, devant le ministère israélien de la Défense à Tel-Aviv, le 15 janvier 2025.
Des manifestants appellent à une action pour obtenir la libération des Israéliens retenus en otage à Gaza depuis octobre 2023, devant le ministère israélien de la Défense à Tel-Aviv, le 15 janvier 2025. © Jack GUEZ / AFP
Des manifestants s'embrassent, devant le ministère israélien de la Défense à Tel Aviv le 15 janvier 2025.
Des manifestants s'embrassent, devant le ministère israélien de la Défense à Tel Aviv le 15 janvier 2025. © Jack GUEZ

Simona Steinbrecher, mère d'un otage israélien, appelle son gouvernement à ne "pas manquer cet accord". "Il est très important de ne pas remettre en question cet accord parce que nous n'aurons peut-être pas d'autres chances, alors ne le manquez pas et faites tout pour qu'il soit mis en oeuvre, et que tous les otages soient libérés", implore-t-elle.

À Tel-Aviv, sur la place des otages, des Israéliens chantent, des psaumes notamment, autour de bougies. L'espoir revient. "Ça donne espoir, nous espérons qu'ils vont tous rentrer", souligne Noga, une Israélienne, interrogée par BFMTV. "Mais cet accord aurait du intervenir il y a bien longtemps".

Juliette Brossault avec AFP